La tragédie de Benghazi : « le gang qui ne pouvait pas tirer droit[1] ».
Les
révélations récentes du General Petraeus, le
DCI [Directeur de la CIA], concernant le fait que la CIA voulait prendre sur elle
le blâme consécutif aux assassinats non
nécessaires survenus à Benghazi, sont à la fois perturbantes mais aussi éclairantes.
Je n’écris pas ce blog pour exonérer
Petraeus, pas plus que pour accuser quiconque en particulier de meurtre (comme j’ai pu le faire à d’autres occasions
dans mes blogs). Mais cher lecteur, vous en savez probablement davantage
concernant le minutage et les détails de cette tragédie de Benghazi que
moi-même (pour l’instant du moins), mais je veux vous parler de quelque
chose de plus important que cela.
Je veux m’adresser à vous concernant
le fait que notre système de sécurité nationale tout entier est complètement
dysfonctionnel (un thème récurrent dans mes prises de position).
Je peux blâmer les Président Obama et Bush Jr. (comme la plupart
d’entre vous savent que j’aime blâmer), ou même ma bête noire* de compagnie, la Secrétaire d’État [SecState]
Hillary Clinton. Mais ceci ne nous avancerait pas beaucoup pour
essayer de comprendre quelque chose qui est de loin plus important
pour notre sécurité nationale, que ces acteurs individuels dans ce drame
tragique.
L’enjeu clé, pour moi, qui devrait
vous concerner, chers lecteurs, c’est que nos différentes institutions :
Militaire, Renseignement, Département d’État, Département [Ministère] de la
Défense [DOD], FBI, Bureau du DNI [Director Of National Intelligence], sont
devenus totalement dysfonctionnelles et pour le dire assez franchement :
complètement obsolètes et inadaptés.
Qu’est-ce que j’entends réellement
par là ?
Une des
raisons pour lesquelles, avec Tom
Clancy, nous avons pensé à écrire la série des livres psycho-politiques Op Center
il y a plus de 20 ans de cela, était de démontrer en fiction ce qu’il se
passait réellement dans le monde réel.
Durant la Guerre Froide, nous avions un adversaire clair et nous savions
comment l’approcher, à la fois en termes de stratégie et de tactiques. Nous
avons fait usage d’une combinaison d’actions sous couverture réussies,
initiées par ce qui était à cette époque un réseau très professionnel et dévoué d’opérationnels et/ou
d’officiers de carrières, issus de la CIA comme du Renseignement militaire.
Aujourd’hui, nous devons à faire
face à un état des affaires bien plus compliqué, constitué de crises partout dans le monde, naissant à
volonté dans des endroits dont nous ne
pourrions même pas parler.
Ce que l’on appelle la guerre contre
le terrorisme [war
on terrorism], a distordu les priorités de notre Renseignement et de notre
outil militaire.
Bien sûr, je peux porter le blâme sur le 11 septembre et les suspects les plus
faciles/évidents/usuels [usual suspects], mais c’est de l’histoire passée,
et soyez assurés que la situation présente n’accorde aucune indulgence pour le
passé.
Pourtant, les exigences pesant sur
nos officiers de renseignement, qui se trouvent à la fois en extrême sous-effectif mais dans le même temps mal entraînés (ceci étant également vrai
pour nos professionnels du Département d’État et nos militaires), ont engendré
un fardeau financier majeur pour notre pays, parallèlement à notre dette allant
croissant. Résultat : une position de déclin en tant
que superpuissance, et un gaspillage de ressources confinant à l’obscénité.
Contrairement à certains conservateurs, qui voudraient
bien porter le blâme sur d’autres institutions ou administrations [Présidents
précédents] concernant ce désastre de Benghazi, le vrai problème est,
comme Pogo le disait autrefois (suis-je en train de jouer au vieux de la Vieille ici?) : nous-mêmes.
Qu’est-ce que je veux dire par
là ? Comment pouvons-nous, citoyens, être en faute pour quelque
chose avec quoi nous n’avons rien à voir ?
C’est très simple. Durant les 30
dernières années, en remontant jusqu’aux années Reagan, nous, Américains, avons eu [laissé se développer] un réel problème au
sein de notre État, de la CIA, du FBI et de nos militaires.
Par conséquent, chacune de ces agences a développé leur propre “agenda secret“ si bien que de ce fait, personne, pas même [George P.] Shultz, [William J.] Casey ou [James A.] Baker, pas plus que les Reagan, Bush Sr., et [Bill] Clinton, n’a eu réellement d’idées claires sur qui faisait quoi.
Par conséquent, chacune de ces agences a développé leur propre “agenda secret“ si bien que de ce fait, personne, pas même [George P.] Shultz, [William J.] Casey ou [James A.] Baker, pas plus que les Reagan, Bush Sr., et [Bill] Clinton, n’a eu réellement d’idées claires sur qui faisait quoi.
Dès lors, en absence d’une stratégie
géopolitique claire tandis que naissaient des crises
internationales, et du fait de l’éviscération passée causée par le
licenciement massif par Carter de 4000 opérationnels en matière de Renseignement
Humain (ROHUM
[HUMINT]), notre appareil de sécurité
nationale à travaillé, pour le dire de façon basique, de façon “ad hoc“, selon une logique de “pompiers“[2].
Ma présence au sein de différentes
Administrations, en tant que “singleton /électron libre“ ou DAS [Députy Assistant Secretary of State :
Assistant Sous-secrétaire d’État], me permet de témoigner en connaissance de
cause du fait que 90 % de notre Sécurité
Nationale étaient devenue un “processus“
[sous-entendu : “routinier“] et “non objectif“
[=subjectif et/ou “non-orienté sur des objectifs (clairs)“]. Ceci fut mon objet de préoccupation majeur en tant
qu’opérationnel du Renseignement et diplomate. Et j’étais simplement moi-même
un microcosme du problème, parce que
contrairement aux autres vrais professionnels qui étaient restés à l’intérieur
du système, je disposais du “luxe“ de
pouvoir “rentrer et sortir à volonté [going in and out]“ du Système.
Donc : pourquoi suis-je moi-même devenu
l’emblème de ce problème de sécurité nationale ?
Parce qu’aussi loin que je puisse
m’en souvenir, il y a toujours eu des tensions
inhérentes au sein des différents Départements [Ministères] du Gouvernement,
en tant que dynamique naturelle de différentes personnalités ou politiques se
trouvant en compétition, et surtout conséquence d’un manque majeur de transparence,
de coopération et de responsabilité. Ces trois derniers mots
sont faciles à déclarer, mais bien plus difficile à mettre en œuvre. Je ne
crois pas avoir jamais rencontré un professionnel de la sécurité nationale, qui
de son plein gré rentra dans une branche particulière de l’appareil de sécurité
nationale, avec l’intention spécifique de “faire
foirer quelque chose“.
Mais c’est plutôt comme chez
Hollywood (où j’ai par ailleurs été un Producteur
Exécutif de mini-séries de quatre heures pour la télévision), où je n’ai
jamais rencontré un responsable exécutif du film qui avait l’intention de faire un mauvais film. Mais le fait est que le
résultat était et demeure, que des mauvais films existent en abondance.
[La même chose] En matière de
sécurité nationale, [signifie que] nous faisons face à un problème bien plus
sérieux :
Pour être plus clair : la
CIA actuelle, qui est menée par un Petraeus par ailleurs extrêmement talentueux (qui a tout un historique de compétence,
d’initiative, de créativité et de défiance face aux erreurs d’appréciation des
civils), n’est pas une
organisation réellement professionnelle mais plutôt une “institution de
sous-traitance“, qui compte lourdement sur le recrutement d’anciens
membres des Forces Spéciales, à l’instar des braves anciens membres des SEAL [Glen] Dougherty et [Tyrone] Woods[3] [tués
à Benghazi], ainsi que d’autres opérationnels de la CIA sur le terrain. En
fait, ces deux braves anciens soldats étaient techniquement des “contractuels [contractors]“ :
plus prosaïquement des “flingues
loués“.
Et voilà ce qui constitue le vrai
problème de la CIA :
Elle n’est plus composée de personnels nés et élevés en dehors du noyau
du Renseignement et de la subtilité des affaires de l’État [State craft],
qui constitue une science en soi. Mais depuis des décennies, la CIA a
sous-traité ses personnels auprès de firmes (privées) comme Blackwater [aujourd’hui Academi], L3 Communications, SAIC, Mitre Corporation, et bien d’autres “Bandits en Périphérie [Beltway
Bandits][4]“.
Ce que cela signifie réellement,
c’est que nous, en tant que Nation, n’avons plus réellement besoin une
organisation appelée la CIA, qui requiert sans cesse tous les types de
“couverture diplomatique“ (comme
celles que j’ai eues à créer durant 30 ans), et passant son temps à mettre
en difficulté les autres personnels basés à l’étranger.
La solution est assez simple. Tout d’abord : éliminer la CIA. Nous n’en avons pas
besoin. Nous n’en avons pas eu réellement besoin durant ces 30 dernières
années. Et au lieu de cela, il s’agit de restituer les obligations relevant des
opérations militaires sous couverture
à l’une des 16 autres agences
secrètes du Pentagone (DIA [Defense
Intelligence Agency], NGA [National Geospatial-Intelligence Agency], etc…). Pour faire court, il s’agit d’éliminer la sous-traitance
civile du renseignement humain sous couverture, en faveur d’un
contrôle militaire complet, par lequel nous obtiendrions plus de
responsabilités et de légitimité[5].
Ma seconde recommandation consiste à éliminer le seul programme que le Congrès a mis en place afin d’intégrer les opérations de renseignement
après le 11 septembre 2001 : à savoir le Directeur
du Renseignement National (DRN [Director Of National Intelligence –
DNI]).
Car s’il ne devait y avoir qu’un
exemple, la tragédie de Benghazi a illustré le manque d’une coordination
consistante entre le Département d’État, les Officiers
de Sécurité Régionaux [Regional
Security Officers] et la CIA. Or
le DNI ajoute juste à la confusion dans les enjeux de responsabilités
d’intégration. Il est coûteux et ne constitue qu’un obstacle à
plus de coordination fluide.
Troisièmement, le Département d’État est en
train de devenir aussi obsolète que la CIA. À un moment, quand les
distances étaient trop lointaines pour le Président des États-Unis, lorsqu’il
voulait communiquer avec un autre dirigeant du monde, il y a quelques 50 ans de
cela ou plus, alors nous avions en effet besoin “d’Ambassadeurs“, afin de
“représenter personnellement les intérêts du Président“. Mais à présent avec l’internet,
des téléconférences, la communication
cybernétique et tous les autres types de réunions virtuelles innovantes, nous n’avons plus besoin de 9.000 personnes à l’étranger, avec encore une fois des milliers d’autres “cocontractants [contractor]“ protégeant ces 9.000 employés non
essentiels et hautement barricadés[6].
En tant que DAS, j’ai appris que les
diplomates professionnels qui étudient un domaine particulier sont importants
mais pas essentiels. En témoignent les trois derniers Secrétaires
d’État [Hillary, Condi, Albright] :
toutes trois ont volé autour du monde, ne
se qualifiant pour rien de plus innovant que de parcourir des millions de
kms, ainsi que de toucher des bonus.
En d’autres mots, la position de Secrétaire d’État est
devenue de moins en moins pertinent au XXIe siècle. Il n’y a plus besoin de
“toucher la chair“ d’un autre dirigeant étranger.
D’autant plus, j’ai toujours été perplexe
sinon confus, quant au fait que des avocats étaient regardés comme
particulièrement qualifiés pour être secrétaires d’État, lorsqu’en fait la
plupart des problèmes internationaux était gouvernée par des particularités
nationales : des problèmes de nature
tribaux, politiques et psychologiques.
Peut-être qu’il ne s’agit pas d’un
accident, les traités majeurs que ce pays a initié, impliquaient pour partie, mon apport psychologique et politique[7] :
·
Le traité
entre Israël et l’Égypte sous Carter [les Accords de Camp
David]
·
Le
changement de régime et de contrôle des armes stratégiques vis-à-vis de l’Union
soviétique, sous Reagan.
En fait, le Secrétaire d’État Baker a gouverné les 9000 personnes du Département
d’État, en premier lieu par l’entremise d’un économiste politique talentueux
nommé Robert Zoellick,
qui devint ensuite Président de la Banque Mondiale.
Donc, aujourd’hui moins de gens peuvent accomplir davantage qu’un système
tout entier, et le font réellement (jetez juste un œil à ce qu’il s’est
passé dans nos grosses firmes privées durant les dernières décennies : consolidation, réduction de taille, etc… du
fait notamment de la TECHNOLOGIE)
Je ne suis pas narcissique au point
de penser que je suis essentiel à n’importe quel traité ou tout autre réussite
en matière de sécurité nationale. Mais
je suis assez réaliste concernant 30 années bizarres : je n’ai cessé de me
plaindre concernant la formation des Officiers du Service Diplomatique (OSD
[FSO][8]) du Département
d’État, qui ont été particulièrement mal dirigés vers des domaines et des
expertises concernant la maîtrise des langues, mais avec trop peu d’entraînement
en matière de négociation interculturelle, ou d’étude des caractères nationaux[9].
Dès lors, à mon humble opinion, nous avons besoin de moins d’OSD, mais
d’affecter les plus professionnels d’entre eux afin de régir le Département
d’État, comme par exemple l’Ambassador Thomas Pickering, incroyablement accompli, qui mène à présent
les investigations au sujet de Benghazi, de même que son collaborateur [side
kick], le Sous-Secrétaire [Under Secretary] Patrick Kennedy,
qui connaît davantage au sujet de la gestion administrative que tous les
consultants McKinsey et Bain pris
ensemble...
Le dernier
point, le plus sérieux, et ceci concerne tous les Présidents des
États-Unis : Pour la plus grande partie, les citoyens
américains doivent comprendre qu’un Président est très limité dans ses
capacités de faire autre chose que de créer une guerre.
Laissez-moi répéter ceci : un POTUS
ne peut faire que très peu de choses au niveau domestique, qu’il soit
Républicain, Démocrate ou Indépendant. Les contraintes du programme domestique
qui pèsent sur eux sont si grandes, que la seule chose à faire pour eux afin
d’entrer dans le panthéon de l’Histoire, est de créer une nouvelle guerre.
Le plus souvent, les guerres sont
initiées et maintenues de façon COUVERTE [wars are initiated and maintained COVERTLY].
Cela ne signifie que personne n’a rien à connaître au sujet de ces guerres
couvertes, où qu’elles puissent se dérouler : au Moyen-Orient, en Afrique, en
Asie, etc…
Et c’est là que le Congrès et les citoyens américains qui les élisent, doivent entrer dans le
processus pour dire stop à ces guerres sous couverture…
Personnellement, je ne crois pas les
membres des Comités du Renseignement au
Congrès [Congressional Intelligence Committees[10]] : ils sont
faciles à persuader de ce que dans les affaires, nous appelons une “découverte [finding]“, permettant à la CIA ou à tout autre organisation
civile ou militaire “vérolée [cloaked], de s’engager dans des
actions couvertes.
En dernier lieu mais non le moindre : la Maison-Blanche doit faire le ménage dans ses “enfants de chœur“,
à tous les niveaux. Plus il y aura d’opérationnel sous couverture qui
travaillent en tant qu’“Assistant du Président“, et plus nous aurons toujours
davantage de guerres et de problèmes. Nous avons besoin de transparence
et d’une réduction drastique (voire d’une élimination pure) des
accréditations de “ sécurité top secret“ [top secret
security clearances”] !!! Nous avons 800.000 contractants nantis de ces
accréditations de “ sécurité top secret“ !!! Vous
pouvez seulement imaginer de quels maux ils sont capables…
En dernier point, prêtons une grande attention aux mots de ce qui fut certainement
l’un de nos plus grands généraux et Présidents, Dwight David Eisenhower, qui
nous avait averti des « dangers du
complexe militaro-industriel », mais nous avait aussi averti concernant un Allen Dulles sans garde-fous,
qui était alors le DCI, pointant le fait que « votre CIA créerait alors une
Légende de Cendres [Legacy of Ashes] traversant l’histoire
américaine »
Qu’est-ce qui fit que Eisenhower
était un grand Président ?
Il nous a littéralement tiré à en
dehors d’une guerre de Corée ratée,
initiée par Truman, et refusa
d’entrer dans une autre guerre, du Vietnam… qui fut malheureusement initiée
plus tard par JFK et LBJ.
Amérique ! Le temps est venu de maigrir,
d’équilibrer et de réduire en taille [slim, trim, downsize] non systèmes de sécurités
nationaux, de nous débarrasser nous-mêmes de la CIA, d’intégrer le Renseignement
militaire, et de rendre tout ceci souple et apte à l’âge cybernétique.
Finalement, ceci nous conduirait à restructurer également
le Département d’État, le faire revenir à des diplomates professionnels
expérimentés/senior, d’éliminer les “contractors“ et d’augmenter les
investigations sénatoriales, en particulier celles de type “Levin et Grassley“[11].
Et dites au Président : « plus
de nouvelles guerres ! »,
que cela soit ouvertement ou bien sous
couverture.
Notre plus gros problème de sécurité nationale, a été et demeurera notre dette
nationale croissante[12]. Commençons
donc le processus de couper dans les services diplomatiques, militaires et de
renseignement inefficace, redondants et dispendieux en pure perte... Nous
avons bien d’autres façons de mieux dépenser notre argent à l’ère du
cybernétique.
[2]
NDT : “band aid approach“ : une approche consistant à mettre des
pansements partout où nécessaire.
[3] Voir les articles Wikipédia (anglais uniquement) : « 2012 Benghazi attack » et « American fatalities and injuries of the 2012 Benghazi attack », également : « Who was Glen Doherty? Details emerge on former SEAL's final actions in Benghazi » (Fox News, 26 juillet 2013).
[4] “Bandits de/en Périphérie [Beltway
Bandits]“ : se dit des firmes qui réalisent un large pourcentage de leur chiffre
d'affaires en tant que cocontractant auprès du gouvernement fédéral. S'ensuit
tout un développement potentiellement sans limite, fait de cooptation et de
népotisme, générant des contrats prodigieusement lucratifs. Ils entraînent le
grossissement sans fin non pas uniquement du Complexe Militaro-Industriel (CMI
[MILIC : Military-Industrial Complex]), mais également de nombreux
services connexes et annexes… Le secteur privé ayant alors intérêt à ce que
l'État dépense toujours plus tout en étant toujours moins efficace, afin
justement d'avoir de nouvelles prestations à proposer…
Voir notamment le documentaire “Why We Fight“ (Eugène Jarecki, 2005), également le film Syriana.
Voir notamment le documentaire “Why We Fight“ (Eugène Jarecki, 2005), également le film Syriana.
[5]
NDT : solution tout à fait radicale ici, qui à partir d'un constat
certainement très juste, déboucherait sur une situation extrême. La comparaison
avec la situation institutionnelle britannique est utile (un Renseignement
dépendant du Ministère des Affaires étrangères, un Renseignement militaire
dépendant du ministère de la Défense, et un Renseignement intérieur dépend du
Ministère de l'Intérieur).
Il faut aussi certainement
comprendre à travers les mots de Pieczenik ici, une lutte d'influence entre
les militaires d'une part, les civils à l'intérieur de l'institution d'autre
part, mais aussi avec les civils à l'extérieur de l'institution :
c'est-à-dire les cocontractants privés. que l'on appelle
globalement le Complexe Militaro-Industriel (bénéficiant des juteux contrats du
Pentagone (surtout depuis le 11 septembre 2000). Mais il faut aussi comprendre ici
l’existence et les tentations d’une influence (lobbying) indue d’un certain
nombre d'opérateurs “autres“, réalisant certains pans du travail de
renseignement en sous-traitance, avec toutes les possibilités de fuite et
d'appauvrissement des compétences affaiblissant l'expertise réelle du Renseignement
américain dans son ensemble.
Des suites de plusieurs
scandales associés à la firme BlackWater (ex : Falloujah, 2004),
ou d'autres scandales ayant même grossièrement éclaboussé la crédibilité de
l'Armée américaine (Abu Graïb),
naquit une opposition franche en coulisse entre Robert Gates (Secrétaire
à la Défense de 2006 à 2011, ancien directeur de la CIA de 1991 à 1993) et le
Président Obama nouvellement élu (2008), à l’encontre de l'extension du pouvoir
des Sociétés
Militaires Privées (SMP). Il faut donc envisager et bien comprendre ici une défiance à notre avis
tout à fait légitime, de la part des militaires à l’encontre de tout un réseau
d’incompétences civiles et privées débouchant
sur des guerres, que les mêmes militaires doivent terminer comme ils le peuvent
malgré des pertes inévitables.
D'où un point de vue en
apparence extrémiste qui semble transparaître ici : la tentation d'une
table rase (supprimer la CIA) afin que les militaires ne laissent plus
la CIA (alliée à d'autres co-cocontractants privés) déclencher des guerres
inopportunes.
[6]
NDT : là encore, un point de vue qui semble extrémiste, mais qui est
tempéré plus loin.
[7]
Rappel : le Dr. Pieczenik est Médecin et Psychiatre.
[9] L'ancien
agent de la CIA Robert Baer disait en substance la même chose, et a laissé un
étonnant témoignage de la perte progressive de l'expertise de la CIA en
renseignement humain (« La Chute de
la CIA », éd. JC-Lattès, 2002).
[10] NDT :
Celui de la Chambre des Représentants : « United
States House Permanent Select Committee on Intelligence » ; et celui du Sénat : « United
States Senate Select Committee on Intelligence ».
[11] Sen. Carl Levin, D-Mich., et Sen. Chuck Grassley, R-Iowa. Voir notamment : « Grassley,
Levin Hail Effort to Increase Corporate Transparency » (Site officiel
du Sénateur Carl Levin,
19 mars 2014).
[12] Sur les
vraies causes de la dette nationale, lire Anthony
Sutton : “Le complot de la Réserve
Fédérale” (1995 – Editions francophone Nouvelle Terre, 2009).