Partie I :
Le
virage historique réussi du prince héritier Mohammed ben Salmane
Par Morad EL HATTAB, essayiste et
géopolitologue. Entretien avec Khaled Saad ZAGHLOUL, journaliste et grand reporter.
Question : Bonjour Morad EL HATTAB. Vous êtes l’auteur français
ayant le plus écrit de livres sur la crise économique depuis 2018. Vous êtes aussi connu pour d’autres ouvrage,
notamment sur la Libye,
et pour des articles très remarqués depuis 2020. Suite aux dernières actualités
mondiales, nous avons voulu aujourd’hui vous demander votre point de vue quant
à l’évolution de la situation, au Moyen-Orient et pour le reste du monde. Nous
vous remercions d’avoir bien voulu nous faire l’honneur de vous exprimer
dans notre magazine. Quel a donc été pour vous le fait le plus marquant de ces
dernières années, pour le Moyen-Orient ?
Réponse : Sans aucun doute, à mon avis, il s’agit de la mise en échec de l’idéologie du
« Choc des civilisations » depuis la guerre de Syrie. Le rôle de l’Arabie Saoudite et des choix
stratégiques du Prince héritier Mohammed ben Salmane, ont été cruciaux en ce
sens. C’est un virage
historique qu’il nous faut
comprendre ensemble.
En 2020, dans de
précédents articles, j’avais en effet insisté sur l’importance des changements
géopolitiques qui ont eu lieu depuis 2012-2015. À mon sens, il s’agissait de comprendre
les deux versants d’une même idée, qui allait fonder une « nouvelle
alliance » religieuse entre l’Islam et la Chrétienté. C’est une nouvelle réalité,
encore largement sous-estimée, parce que depuis des décennies, nous nous sommes
vus imposer un autre cadre idéologique dont il s’agit à présent de sortir.
Parce qu’il est aujourd’hui caduc, tout simplement.
D’un côté, la Russie
du Président Poutine a réussi à ne pas
se tromper d’ennemi : ce n’est pas l’islam qui a été attaqué en Syrie par
la Russie, mais au contraire, le terrorisme qui prenait l’Islam en otage. C’est une nouveauté historique, devenu évidente à
partir de l’intervention russe en Syrie (septembre 2015), et cette intervention
avait une autre signification : elle correspondait en effet à la mise en
échec de l’idéologie du « Choc des civilisations », telle que
conceptualisée par l’Israëlo-Américain Bernard Lewis (avant d’être seulement
reprise par Samuel Huntington).
De l’autre côté, j’expliquais en
2020 que ce changement nouveau devait être bien compris par les Musulmans du
monde entier qui, à leur tour, ne devaient pas se tromper d’ennemi. En
effet, il s’agissait de comprendre les luttes d’influences internes en
Occident, plutôt que de considérer par exemple que les États-Unis étaient les
ennemis, ou que les Chrétiens occidentaux étaient nécessairement des « méchants
croisés ». Alors que la propagande américaine délirante de l’époque du 11
septembre 2001 et de la guerre d’Irak (2003) était conçue en ce sens :
c’était une volonté délibérée de créer deux partis radicaux (musulmans et
chrétiens, notamment les chrétiens évangéliques) pour façonner une guerre de
civilisation massive. Une sorte de Troisième Guerre mondiale inavouée contre
l’islam, qui aurait détruit à la fois l’Islam et la Chrétienté.
C’est seulement ainsi que nous
pouvions réussir à mettre en échec l’idéologie du Choc des Civilisations.
Rappelons passage qu’une idéologie est une construction d’idées artificielles,
prétendant remplacer la réalité, et dont l’aboutissement amène ceux qui y
croient à vouloir s’autodétruire.
Et contrairement à cette idéologie, l’Histoire
réelle, depuis les croisades jusqu’à nos jours, est en vérité bien moins
manichéenne, bien plus nuancée, avec des bons et des mauvais humains partout.
C’est vrai en Occident, dans le monde musulman, dans le monde chrétien
orthodoxe, en Israël et partout ailleurs. C’est en comprenant cette réalité que
la nécessité d’une « alliance des hommes de bien » émerge
naturellement aux yeux de l’observateur honnête : une Alliance au-delà des pays
et des religions, une Alliance avant tout spirituelle, qui est nécessaire pour
contrer une idéologie qui nous aurait tous conduits au chaos.
Question : mais cette Alliance
que vous évoquez ici, doit également être compris en Occident, je suppose. Car
dès qu’il y a un parti prêt à faire la guerre, il ne suffit pas que l’autre
partie soit intelligent pour l’éviter, ne pensez-vous pas ?
Réponse : Certes. C’est la raison pour laquelle j’avais
parlé en 2020 d’un changement majeur qui avait eu progressivement lieu aux
États-Unis, à partir de la guerre de Libye et de l’affaire de Benghazi, entre
2012 et 2016. La conséquence, ce fut la victoire du Président Trump en
2016, soutenu par les véritables patriotes américains qui voulaient mettre
un terme aux guerres américaines illégitimes au Moyen-Orient. Notamment, parce
que ces guerres étaient livrées au nom d’une vision idéologique dangereuse qui
jouait en réalité contre les intérêts stratégiques américains sur le long-terme.
L’assassinat de l’ambassadeur américain Stevens à Benghazi (septembre 2012) fut
à comprendre dans ce contexte. Et en réalité, il y eut des coopérations en
sous-main entre la Russie et les États-Unis pour freiner ces guerres, notamment
en Syrie.
Dans ce contexte de 2020 et d’une
vraisemblable réélection du Président Trump, beaucoup d’espoir était donc possible
pour mettre un terme à ces cycles de guerres illégitimes qui avaient
globalement trois causes : le pétrole, mais également le dollar, et les questions
religieuses.
J’avais
détaillé ces idées dans plusieurs articles, en 2020. Pour moi,
il s’agissait de l’émergence d’une sorte de nouvel ordre
mondial « imprévu », différent et concurrent du « Nouvel
Ordre Mondial » de George Bush Sr., que l’actuel Président Biden
avait « appris à aimer ». Or, dans ce « nouvel
ordre mondial » imprévu, l’Arabie Saoudite était en train de retrouver
un rôle crucial au Moyen-Orient grâce aux choix opportuns du Prince héritier
Mohammed ben Salmane.
Pour l’Arabie
Saoudite, je n’insisterai jamais assez sur le fait que ce tournant était
absolument crucial : il correspondait à la compréhension du fait que l’Arabie
avait été poussée dans des choix dangereux par des intérêts qui voulaient
détruire le Moyen-Orient, et surtout, que ces intérêts voulaient aussi détruire
l’Arabie Saoudite dans ce processus. Le lien entre l’Arabie Saoudite et les
États-Unis aurait détruit l’Arabie si le Prince héritier Mohammed ben Salmane
n’avait pas su le comprendre à temps.
Question : Mais pourquoi les
États-Unis voudraient-ils ainsi détruire leur allié le plus fidèle du
Moyen-Orient ?
Réponse : Mais parce que les États-Unis sont
aujourd’hui largement détournés par des forces subversives, qui veulent les
détruire mais qui veulent auparavant utiliser le bras armé américain dans des
guerres illégitimes. L’aboutissement de cela, c’est le discrédit inévitable
et définitif des États-Unis, à force de se prétendre être les soi-disant
« gendarmes du monde », quand ils ne sont en réalité que les fauteurs
de guerre et destructeurs du monde musulman. C’est cette réalité apparente,
dans l’ambiance de l’idéologie du « Choc des civilisations », que les
patriotes américains avaient voulu contrer en 2016.
Mais malheureusement, les
élections présidentielles américaines de 2020 ont montré à quel point
l’appareil d’État américain était pourri, et l’impuissance du Président Trump à
le réformer est apparue évidente. Les élections américaines de 2020 ont été
manifestement fraudées, et le Président Biden actuel est en réalité un
usurpateur qui a été mis en place pour recommencer un nouveau cycle de
bellicisme terroriste. Je vais bientôt publier un livre racontant tout
cela, et un documentaire vient aussi de sortir dans le même sens.
Cette réalité, la pourriture
totale du système politique américain, est connue des initiés et des
observateurs un tant soit peu lucides depuis des années. Les États-Unis ont été
détournés lourdement depuis le 11 septembre 2001, mais en réalité bien plus tôt.
C’est progressivement, dès avant la Première Guerre mondiale, qu’ils ont été détournés
par le même internationalisme financier qui a financé la Révolution bolchevique
et les soi-disant « Printemps arabes ». C’est une Histoire vieille
de cinq siècles qui a convergé vers l’internationalisme financier, ou le
« mondialisme » actuel, en tant que regroupement d’intérêts privés qui
conspirent contre les Etats. Pourquoi ? Parce que les Etats protègent les
peuples et les empêchent d’être vampirisés sans fin par ce même
internationalisme financier. Dès le XIXe siècle, William Cobbett dénonçait ce
système comme étant capable que de produire la « famine au sein de
l’abondance ». Et donc, à terme, la « guerre de tous contre
tous »…
L’aboutissement concret de ce
Système est évident depuis la crise de 2008. Les économies occidentales
ont étés « zombifiées » : elles sont totalement dominées par
des mégabanques qui ne fonctionnent plus que pour elles-mêmes, ruinant les Etats
et les peuples. Mais ce résultat n’est pas accidentel : de crises en crises, le
système financier occidental aujourd’hui décadent génère structurellement ce
qui est en fait une concentration des richesses absolument intenable.
Tellement intenable, qu’elle ne peut fonctionner que sous la forme d’un
soviétisme privatisé : du soviétisme, on garde le contrôle des masses, et de la
privatisation, on garde bien sûr les profits. En un mot : le mondialisme,
en tant qu’idéologie. Un mondialisme qui ne peut s’imposer que par la guerre,
comme en témoigne le sort de la Libye ou de l’Irak.
Question : Et c’est donc ce
mondialisme qui est promu depuis Davos ?
Réponse : Exact. Ce mondialisme en tant que nouvelle
idéologie, c’est le Forum Economique Mondial de Davos qui en est le
promoteur, présidé par Klaus Schwab et secondé par le très subversif historien israélien
Yuval Noah Harari. C’est ce dernier qui est tourmenté par la question de savoir
ce que nous devons faire avec les pauvres surnuméraires, appauvris en
réalité par le système économique mondialiste. Il multiplie les
déclarations allant dans le sens d’un contrôle ultime des prolétaires
artificiellement appauvris, théorisant l’aspect « contrôle des
masses » de ce nouveau soviétisme mondialisé : droguer et abrutir
les peuples appauvris, et légitimer la surveillance biométrique totale sous
prétexte de COVID.
« La plus grande question : que
faire de toutes ces personnes INUTILES. Le problème
est l'ennui et que faire d'eux... quand ils sont... SANS VALEUR. Ma meilleure
supposition… est une combinaison de DROGUES ET DE JEUX INFORMATIQUES. »
« Le Covid est crucial car
c'est ce qui convainc les gens d'accepter et de légitimer la surveillance
biométrique totale. Nous ne devons pas seulement surveiller les gens, nous
devons surveiller ce qui se passe sous leur peau »
Harari
est rejoint,
sans surprise, par le PDG de Pfizer, Albert Bourla qui vante ses
nouvelles technologies devant le FEM de Davos : des « pilules
ingérables dotées d’une micropuce qui envoie un signal à distance aux autorités
compétentes quand le médicament a été digéré. […] Imaginez les applications
en termes de mise en conformité (obéissance). […] C’est fascinant. » Il est
difficile de ne pas comprendre que c’est un anti-humanisme qui se déploie ainsi
sous nos yeux.
Et si on le combine avec la question
des armes biologiques derrière la naissance vraisemblablement
artificielle du COVID, mais présenté aux médias occidentaux comme un
« virus chinois », et la fascination de personnages comme Bill Gates
pour les nouvelles épidémies… Alors, il n’est pas interdit de penser que ces
gens-là ne veulent le massacre de la plus grande partie de l’humanité pour
pouvoir mieux contrôler les survivants. Les Russes et les Chinois ne sont
pas dupes…
C’est un futur cauchemardesque et
réellement satanique que nous préparent ces gens-là… Et pourtant, les
dirigeants occidentaux boivent leurs paroles et appliquent leurs ordres, comme
s’ils en étaient les marionnettes. Ce qui de fait, est le cas : on le voit
parfaitement avec Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron, par exemple. Quant
aux médias occidentaux, ils sont totalement soumis à ces gens-là par le jeu des
financements, et ils détruisent sur commande quiconque s’oppose à cette vision « mondialiste »
du COVID et du monde.
Question : Y a-t’il une façon
de ne pas subir la loi de ces gens-là ?
Réponse : En réalité, ils sont très peu nombreux. Ils ne
sont puissants que par l’ignorance des gens, par les jeux de financement et par
l’incrédulité du plus grand nombre face à des modes de pensées aussi déviants.
Quand Klaus Schwab se vante de
construire le futur avec ses petits amis du FEM : « Le futur ne se
contente pas d’arriver, il est bâti par nous. Par une communauté puissante
comme vous, dans la salle. Nous avons les moyens d’améliorer l’état du
monde ». Le reste de son discours signifie en fait « imposer
le sort du monde ».
C’est partiellement vrai, mais c’est aussi de l’auto-persuasion grotesque : il
n'a plus les moyens d'imposer grand-chose au monde, sauf à confondre le monde
avec l'Occident lourdement désinformé. En réalité, son mondialisme est
gravement attaqué, et c’est ce qui le rend fébrile. Le mondialisme n'est plus
rien d'autre qu’une tyrannie, que les élites financières occidentales exercent
sur leurs populations.
Mais il faut rendre hommage à la Russie et à la Chine, qui
sont en train de créer une autre réalité concurrente de cet ancien ordre
mondial anglo-américain, devenu anglo-américano-israélien, mais en réalité
« mondialiste ». C’est grâce à l’émergence de cette nouvelle réalité
que l’Arabie Saoudite peut aujourd’hui prendre position pour assurer sa survie,
et pour accompagner une nouvelle dynamique qui sera sans doute bien plus
positive que l’ancien ordre pétrolier et financier anglo-américain. Et pourtant, Davos vante la « démocratie
libérale » contre les méchants Etats autoritaires. Cette présentation
manichéenne cache quelque chose d’autre…
Quand le « milliardaire
philanthrope » George Soros nous explique depuis Davos, dans son discours
du 24 mai 2022 que « notre civilisation pourrait ne pas survivre
de l’invasion russe de l’Ukraine », il parle surtout « sa »
survie et de « sa » vision de la civilisation : c’est-à-dire
d’un monde n’existant que pour satisfaire son avidité.
Quand toujours depuis Davos, il prend soudain conscience que la Chine et
la Russie sont en train de mettre en échec ses techniques de changement de
régime et sa merveilleuse société ouverte, c’est un indice d’un monde qui peut
échapper au mondialisme subversif.
En fait, Soros est en train de
découvrir ce que le grand spécialiste français de la subversion, Roger
Mucchielli, avait théorisé : la façon dont la subversion radicalise les
Etats, et la façon dont les Etats peuvent détruire la subversion s’ils
résistent à la subversion médiatique qui protège la subversion réelle.
En tout cas, il y a une énorme lutte d’influence en cours, dans laquelle Davos
ne représente que la partie la plus déviante d’une élite occidentale en plein
délire.
Question : C’est-à-dire que la
démocratie n’est qu’un argument de façade pour cacher un système de domination
?
Réponse : C’est la réalité de l’Histoire occidentale
depuis cinq siècles. Mais que l’on soit bien clair sur quelque chose : il ne
s’agit pas de méconnaître la nécessité d’un contrôle des populations. Au
contraire, la démocratie « moderne » a historiquement été basée sur
un mensonge : la soi-disant « lutte contre les tyrans » qui
légitimait toutes les révolutions. Or, les révolutions étaient en fait des
transferts de ressources au bénéfice des intérêts qui sont devenus
« mondialistes ». C’était vrai de 1789, de 1917, des Printemps arabes
ou de l’« Euromaïdan » en Ukraine, par exemple : des
« changements de régimes » pour capter des flux de richesses.
Historiquement, la soi-disant « démocratie »
a servi d’argument pour agiter le peuple contre les dirigeants en place, puis
pour créer en réalité des systèmes « démocratique », dont la
caractéristique est d’être très faciles à contrôler par l’argent. Très
facile aussi à contrôler, à partir de nouvelles idéologies pour agiter toujours
plus les gens désinformés contre telle ou telle soi-disant « menace ».
Aujourd’hui la menace « russe » ou « chinoise », bien sûr,
parce que ce système mondialiste se sent menacé. Et l’Arabie est aussi ciblée
par le mondialisme : quand certaines sources libérales reprochent à la
Chine de ne pas promouvoir la démocratie, de « garantir aux dictateurs
leur longévité », c’est plutôt que la soi-disant lutte pour la démocratie,
cache des intérêts qui veulent monopoliser les sources de richesses sans aucune
concurrence. Ils veulent des dirigeants pauvres, donc corruptibles.
Donc, après des décennies voire des
siècles de manipulation, il est très facile aujourd’hui, surtout avec les
nouvelles technologies, d’égarer toujours plus les peuples. L’idéologie mondialiste
permet aux mondialistes de se représenter comme une « haute élite éclairée »,
alors qu’en réalité ils créent l’abêtissement des peuples pour espérer monopoliser
et conserver les pouvoirs et les richesses. Ce sont des gens qui ont fait
le choix du matérialisme, des serviteurs de Mamon. Mais c’est ça, le
mondialisme.
En face, ce n’est pas tant de la
démocratie, qu’il nous faut. Il faut des élites éclairées et compétentes qui
ne soient pas séduite uniquement par les sirènes de la démocratie ou du
matérialisme : tout simplement parce que la démocratie n’a jamais
marché, contrairement aux systèmes de guildes qui existaient auparavant. Vous
ne pouvez pas forcer tout le monde d’être spécialiste en tout et d’avoir voix
sur tout. La démocratie, en ce sens, est aussi une idéologie. C’est uniquement
de la démagogie que de faire croire, à n’importe qui, qu’il peut décider sur
n’importe quoi.
Mais c’est une démagogie « utile »
si vous voulez voler les richesses d’un peuple et remplacer ses classes
dirigeantes : vous dites qu’elles ne sont « pas légitimes », « pas
démocrates », qu’elles sont « corrompues ». Alors que, qui se
soucie de la corruption, des trafics et des salaires mirobolants des grands
dirigeants des banques occidentales, de tous les revenus annexes des grands
patrons des fonds activistes et vautours de Wall Street ou de la City, et de la
façon dont ils corrompent les dirigeants occidentaux ? On en a eu des
aperçus saisissants durant la crise du COVID, pourtant… Le fait est que pour
avoir la puissance de lutter contre les mondialistes, il ne faut pas être pauvres.
C’est la raison pour laquelle ils ciblent les dirigeants qui ont encore la main
sur les sources de richesse souveraine de leur pays : parce que s’ils ont
des moyens, ils peuvent se défendre et penser par eux-mêmes, ils ne peuvent pas
être achetés aussi facilement…
En réalité, la démocratie ou les
soi-disant « injonctions à la démocratie », c’est une logique de prédateurs
parasites. La Libye s’en souvient, l’Irak s’en souvient, et l’Arabie Saoudite se
retrouve aujourd’hui soudainement sous le feu des critiques « occidentales »
pour les mêmes raisons. En réalité, elle subit une série de déstabilisations…
Question : Des déstabilisations
pour quelle raison ?
Réponse : Des déstabilisations qui sont la conséquence
des luttes d’influence qui continuent aux États-Unis. L’Arabie Saoudite avait
été poussée par les États-Unis dans le mauvais sens avant l’ère Trump, puis
soudain, sous Trump, les États-Unis ont soudainement voulu freiner les guerres
illégitimes du mondialisme. Mais ça n’a duré que quatre ans, puis l’usurpateur
(pardon, le « Président ») Biden a recommencé sans surprise la
politique d’Obama (dont il était le Vice- président).
Nous avions déjà vu sous Trump que
d’un côté, l’Arabie Saoudite était encouragée de nouveau à une meilleure
politique au Moyen-Orient. Notamment, par l’énorme opération anticorruption du
Ritz-Carlton, qui était aussi une opération de concentration du pouvoir :
pour limiter les fuites d’argent et renforcer ainsi l’État saoudien.
Mais aussi, en commençant à abandonner le wahhabisme, ce qui était une énorme
évolution en soi.
Mais de l’autre côté, les sales
réseaux de l’État profond aux États-Unis ont tout fait pour empêcher cette
nouvelle politique saoudienne. C’est dans ce contexte qu’a eu l’affaire Jamal Khashoggi
(2 octobre 2018). Les médias occidentaux se sont empressés de l’attribuer
immédiatement à l’Arabie, alors qu’il aussi très probable que l’Arabie ait été
piégée dans cette affaire, et le rôle de la Turquie fut pour le moins équivoque. Difficile
de ne pas envisager une connexion avec les États-Unis ou Israël. Rien que
l’arrière-plan du nom Khashoggi, rappelant son oncle Adnan Khashoggi, rendait déjà cette affaire suspecte de bout en
bout…
Ce qui pose question, c’est la
facilité d’incriminer l’Arabie Saoudite. La guerre de Libye, la guerre du
Yémen, la guerre de Syrie ont été voulue avant tout depuis Washington, Londres
et Tel-Aviv. Et pourtant, seule l’Arabie serait à blâmer? Il y a surtout que les
efforts de rapprochement entre l’Arabie et l’Iran pour stabiliser l’Irak et la
Syrie (notamment par l’entremise du général Soleimani), n’ont pas été appréciés
par les fauteurs de guerre. C’est une raison importante pour laquelle on a
voulu mettre l’Arabie sous pression…
Le problème de l’Etat Profond, aux Etats-Unis, c’est une vision faussée et
politisée des intérêts américano-israéliens : une vision avant tout dangereuse
pour Israël à terme, mais qui est propagé par des Juifs américains (souvent
d’anciens juifs russes) qui se servent d’Israël pour augmenter leur pouvoir aux
États-Unis.
L’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahou a été grandement
responsable de certains mauvais choix, et il y a en Israël la même lutte
d’influence qu’aux États-Unis : une logique de
patriotes serviteurs de l’État et du peuple, contre des logiques corruptrices
et bellicistes, bien souvent voulues par des civils n’ayant jamais fait la
guerre et ne connaissant pas le prix du sang. Il y avait un espoir pour
Israël avec Benny Gantz, qui avait derrière lui des gens sérieux, des
serviteurs de l’État bien plus lucides que certains idéologues qui voudraient
pousser Israël à s’autodétruire. Mais le nouveau Premier ministre Naftali
Bennet continue par certains égards une politique belliciste dangereuse, le
conduisant à lutter indirectement contre la Russie. En conséquence,
l’instrumentalisation de l’Azerbaïdjan ou de l’Ukraine pour gêner et affaiblir la
Russie. En réponse, les Russes allongent le tir contre Israël, avec leurs
alliés irano-chinois.
C’est dans ce
contexte que ces gens auraient voulu faire jouer à l’Arabie un mauvais rôle, et
potentiellement, la sacrifier à terme. Les plans de morcellement de l’Arabie
Saoudite avaient été clairement formulés par les fauteurs de guerre ! Mais pourtant, le Prince
héritier Mohammed ben Salmane est en train de réussir à prendre le virage d’une
nouvelle Histoire pour l’Arabie saoudite.
Question : C’est-à-dire que
l’Arabie Saoudite est en train d’échapper à ceux qui voulaient la
manipuler ?
Réponse : c’est exactement cela. De fait, l’Arabie
Saoudite ne fait que tirer leçon du fait que l’appareil d’État américain est
totalement corrompu. L’alliance
américano-saoudienne n’a plus aucun sens à partir du moment où les États-Unis
sont en train de dériver vers leur autodestruction, et voudraient emmener leurs
alliés avec eux.
Et c’est ce qu’a dit le prince Turki
al-Faiçal, l’ancien chef du Renseignement saoudien (entre 1979 et le 1er septembre
2001) : « Les
Saoudiens se sentent trahis par les États-Unis ».
En réalité, c’est totalement légitime, mais il faut avoir un arrière-plan
historique pour comprendre cette ancienne alliance americano-saoudienne qui est
aujourd’hui bafouée par Biden.
En effet, les camouflets répétés que
l’usurpateur Biden a en effet prétendu infliger au royaume saoudien remettent
structurellement en cause cette alliance. Par exemple lorsqu’il a déclaré, lors
de sa campagne électorale, qu'il ferait de l'Arabie saoudite un paria ;
puis en arrêtant les opérations conjointes au Yémen, en retirant les batteries
de missiles anti-aériens du Royaume face aux armements iraniens, et en
accumulant les manques d’égards qui deviennent évidents. Et surtout : en
refusant de rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, en
déclarant publiquement qu’il ne le rencontrerait pas ! Turki al-Faiçal a
fustigé les molles assurances de Biden non suivies d’effet, tout en estimant à
raison Biden comme responsables
d’une politique énergétique inepte qui met les États-Unis en péril. Turki al-Faiçal a aussi insisté sur le fait que l’Arabie saoudite ne voudrait pas
être un bouc émissaire de l’instabilité des prix du pétrole, faisant le lien
avec situation de 1973. Comme en 1973, l’OPEP refuse la destruction de l’Europe
et subit une politique mondialiste dont elle sera elle aussi victime.
Question : n’est-ce pas là une
allusion à un point que vous aviez détaillé dans un article précédent, au sujet
de l’Histoire pétrolière ?
Réponse : C’est intéressant, en effet, car j’ai
récemment écrit au sujet de cette injustice ayant consisté à attribuer
exclusivement la responsabilité des chocs pétroliers de 1973 « aux
Arabes »…
De nouveau,
aujourd’hui, il est en effet abusif que l’Arabie Saoudite soit incriminée par
les États-Unis pour une politique énergétique décidée par les États-Unis, et pour
les conséquences d’une guerre illégitime en Ukraine provoquée depuis des années
par l’activisme des États-Unis… Le prince Turki l’a dit clairement. Il est
encore plus significatif qu’il ait fustigé l’approche récemment avouée sans
ambages par Hillary Clinton, l’ancienne secrétaire d’État américaine d’Obama.
Elle préconisant et revendiquant une approche « de la carotte et du bâton
» visant à forcer l’Arabie saoudite à accroître sa production de pétrole afin
de réduire les prix…
La réponse du prince Turki, c’est
sans doute ce que l’Arabie rêvait de dire depuis bien longtemps aux
anglo-américains… « Nous ne sommes pas des écoliers que l’on traite avec une
carotte et un bâton. Nous sommes un pays souverain et lorsque nous sommes
traités de manière juste et équitable, nous répondons de la même manière.
Il est donc regrettable que de telles déclarations soient faites par des politiciens,
où qu’ils soient. Tout ce que je peux dire, c’est que j’espère que les
relations entre le Royaume et les États-Unis ne s’articuleront pas autour de ce
principe ou ne seront pas fondées sur celui-ci. »
Question : il s’agit donc d’une
crise diplomatique sérieuse entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite ?
Réponse : c’est en effet la révélation soudaine d’un
état d’esprit nouveau en Arabie Saoudite, face aux États-Unis.
De même, quand le prince Turki a tenté
d’adopter une position médiane et un rôle potentiel de médiateur pour l’Arabie
Saoudite, entre la Russie et l’Ukraine. Il a surtout laissé entendre que les
relations entre l’Arabie et la Russie sont excellentes « depuis quelque
temps »… Ce qui est l’aveu d’une nouveauté historique, depuis les nouveaux
accords de défense entre la Russie et l’Arabie Saoudite, outre le
raffermissement de ses liens commerciaux avec la Chine. C’est un nouvel
équilibre du monde multipolaire qui se dévoile ainsi, plutôt qu’une logique de
domination unilatérale américaine sur ses vassaux.
Surtout, indice d’un profond
changement d’état d’esprit. L’Arabie Saoudite ne s’est pas gênée pour fustiger
l’hypocrisie des Occidentaux : sur la question des réfugiés, mais surtout,
sur la question israélo-palestinienne.
En effet, le prince Turki a osé
émettre des déclarations impensables pour qui oublie l’Histoire : la question
de l’hypocrisie et de l’asymétrie évidente des sanctions occidentales contre la
Russie. « Le fait que l’ONU ait imposé des sanctions à la Russie pour
avoir envahi l’Ukraine, mais qu’aucune sanction n’ait été imposée à Israël
lorsqu’il a envahi les pays arabes il y a quelques années. Ce sont les deux
poids deux mesures et les injustices qui, selon moi, ont eu lieu au fil des
ans. […] Je ne vois pas quelle est la différence entre les deux. Une
agression est une agression, qu’elle soit commise par la Russie ou par Israël.
»
Question : voir l’Arabie
Saoudite n’est-il pas étonnant de voir l’Arabie Saoudite prendre ainsi
indirectement parti contre Israël ? N’est-ce pas d’ordinaire un
tabou ?
Réponse : il y a en effet une nouveauté historique ici,
ou plutôt, l’Arabie renoue avec des positions anciennes et méconnues
aujourd’hui.
Car le prince Turki a aussi réfuté hardiment
les effets bénéfiques
de la normalisation des relations avec Israël — la voie empruntée par plusieurs
pays arabes, dont l’Égypte, la Jordanie, les EAU et Bahreïn. « Je n’en ai
pas vu la preuve. Le peuple Palestinien est toujours sous occupation et il est
toujours emprisonné bon gré mal gré par le gouvernement israélien. Les attaques
et les assassinats de Palestiniens ont lieu presque quotidiennement. Le
pillage des terres palestiniennes par Israël se poursuit malgré les assurances
données par Israël aux signataires de l’accord de paix entre les EAU et Israël.
Il n’y a donc aucun signe qu’apaiser Israël va changer son attitude. »
Ces déclarations ont
une énorme importance historique. Elles correspondent en fait pour l’Arabie à
un retour aux positions d’Ibn Séoud, le fondateur du royaume. En effet, on sait
bien peu aujourd’hui que lors du pacte du Quincy (14 février 1945), le vieux
Roi avait émis comme première préoccupation le sort des Palestiniens, face à une
immigration juive qui préfigurait déjà la naissance d’Israël. Ce pacte du
Quincy est un événement connu, fondant l’alliance entre la puissance américaine
et le pétrole saoudien. Mais est bien moins connu le fait que lors de cette entrevue,
le Président américain Roosevelt tenta d’obtenir le soutien d’Ibn Séoud à cette
immigration juive en Palestine, ce qu’Ibn Séoud refusa catégoriquement :
–
« Je
désire que vous mettiez fin à l’immigration juive en Palestine.
Roosevelt
est interloqué. – Qu’est-ce que la Palestine a à voir avec l’Arabie
Saoudite ?
–
Gardien
des lieux saints de la Mecque, je suis le chef religieux de tous les Arabes et
leur défenseur naturel.
Le
Président change de sujet : – L’avenir de votre pays est extraordinaire. Nos
techniciens vous aideront en vous apportant l’énergie électrique comme ils
l’ont fait dans le cadre de la Tennessee Valley Authority. En peu d’années,
vous vivrez dans un nouvel Éden.
Le
Roi a écouté avec ravissement. Il conclut : – Tout cela sera merveilleux et se
fera sûrement si immigration juive cesse en Palestine !
Roosevelt
ne promet rien. […] Plus tard, il dira à son ami Bernard Baruch : – De
tous les hommes que j’ai rencontrés, jamais je n’en ai vu un dont j’ai pu moins
obtenir que ce monarque arabe à la volonté de fer ! »
Pour la petite
Histoire, Roosevelt ne fit part à Ibn Séoud que d’une « promesse écrite
du gouvernement français (de Gaulle) que l’indépendance serait accordée à la Syrie
et au Liban », assurant qu’il pouvait demander au gouvernement
français d’honorer sa parole, et qu’il soutiendrait les libanais et les syriens
« par tous les moyens sauf la force ». C’est un témoignage ici
du fait que l’hypocrisie américaine ne datait pas d’hier, pas plus que les
guerres de Syrie…
Question : Donc, les États-Unis
s’engageaient déjà pour Israël contre les palestiniens, mais promettaient
d’extorquer à leurs alliés les plus faibles (la France en l’occurrence) des concessions
qu’eux n’étaient pas prêts à donner ?
Réponse :
C’est plus grave que ça. Car en réalité, les États-Unis usèrent bien de « tous
les moyens », y compris le terrorisme, pour détruire l’Empire colonial
français : du Maroc à l’Indochine via la Syrie… Y compris, en détruisant
ses nombreuses réalisations qui honorent encore aujourd’hui la France, qui apportait
une stabilité et de réels espoirs de développement en Afrique du Nord.
Mais les États-Unis
ne faisaient qu’imiter les Britanniques, qui avaient déjà formé des terroristes
dès après la Première Guerre mondiale, pour assurer leur domination pétrolière
du Moyen-Orient contre la France, en Syrie… C’est à cause de cet activisme
anglo-américain, et surtout à l’influence corruptrice anglo-américaine depuis
Paris, que la France n’eut jamais de politique arabe et pétrolière vraiment
stable. Aussi, parce qu’elle n’avait à l’époque aucun alliée fiable et
puissant, comme pourrait l’être la Russie d’aujourd’hui si le Président Macron
défendait vraiment les intérêts stratégiques français.
Cette Histoire n’est
donc pas récente, et c’est en l’étudiant que l’on comprend mieux notre présent:
qui crée donc des guerres illégitimes et des logiques terroristes ?
L’Histoire du pétrole est riche d’enseignements à ce sujet. L’ancienne
expertise française avait remarqué en fait il n’y avait rien de pire pour un
pays que de trouver du pétrole sur son sol, car immédiatement de puissantes
intrigues se conjuguaient contre lui, usant y compris de l’arme du terrorisme…
Question : ce sont donc les
anglo-américains qui ont instrumentalisé le terrorisme ?
Réponse :
historiquement, c’est parfaitement documenté. Mais il faut remettre certaines
choses dans leur contexte.
Tout d’abord, ce que
l’on ne dit pas non plus de cette Histoire, c’est le détournement des
États-Unis qui fut opéré grâce à la présidence Roosevelt, notamment par
l’entremise de son conseiller Bernard Baruch cité ici. Un détournement des
États-Unis qui s’opéra dans un sens anormalement pro-israélien, mais qui devint
progressivement une mise en danger d’Israël par l’avidité globale de la
communauté juive américaine aux États-Unis.
Ces abus d’une partie
de la communauté juive américaine, sont notamment dénoncés par de grands Juifs
américains parfaitement honorables comme Steve Pieczenik ou Norman Finkelstein. Et ce sont ces mêmes abus
dans l’influence d’une partie de la communauté juive américaine aux États-Unis,
qui orientent les États-Unis dans une logique de guerre contre la Russie en
l’Ukraine : parce qu’une partie non négligeable de ces Juifs américains sont
d’anciens Juifs russes n’ayant jamais digéré leur haine fanatique contre la
Russie chrétienne. Soljenitsyne a tout écrit à ce sujet…
C’est-à-dire que face
à ces logiques bellicistes, il y a une convergence d’intérêts entre le monde
arabe et la Russie.
Il n’est donc pas
anodin de voir l’Arabie Saoudite ici prendre nettement position contre
l’absence totale de réaction aux activités israéliennes au Moyen-Orient ces
dernières années, en constatant combien cette bienveillance excessive a
encouragé Israël à une avidité excessive. Or cette avidité expose Israël à un
ressentiment durable qui menacera son existence tôt ou tard. Ce n’est pas sage,
et soudain, l’Arabie Saoudite aligne donc ses positions sur ce qu’a fait la
Russie depuis 2015 en Syrie : c’est le sort des armes, bien plus que
l’hypocrisie, qui a tempéré les « ardeurs » d’Israël et qui a empêché
le Moyen-Orient tout entier de devenir une zone de chaos sans fin.
Question : Donc, peut-on dire
en réalité que l’Arabie est en train de se comporter comme un allié véritable des
États-Unis, en disant des choses déplaisantes mais nécessaires pour l’intérêt
des États-Unis ?
Réponse : En quelque sorte, oui. C’est comme un ami qui oserait
vous donner un conseil déplaisant pour votre bien.
De fait, c’est un apaisement du
Moyen-Orient qui semble possible, grâce à une entente russo-chinoise au soutien
de l’Arabie. Ce qui permet à l’Arabie d’envoyer un message clair à Washington :
la décadence du système politique américain ne pourra plus contaminer l’Arabie
Saoudite, ni mettre le Moyen-Orient à feu et à sang.
Le prince Turki a aussi plaidé pour
de meilleures relations avec la Turquie, et s’est montré optimiste quant à la
possibilité d’un accord de paix durable au Yémen. Or, la Turquie, c’est
l’alliance de revers d’Israël,
qui a été poussée au pire contre la Russie, malgré le fait qu’Erdogan ait été
sauvé par les Russes et les Iraniens, à l’été 2016, d’un coup d’État fomenté
par la CIA. Au contraire, Erdogan est poussé
vers des choix qui sont dangereux pour lui à terme, un peu comme Israël est
poussé par la communauté juive américaine à des choix dangereux…
Mais ce qui est intéressant, ce sont
les signaux qu’a envoyés depuis plusieurs mois le prince Turki, suite aux
prises de position illisible de la part des États-Unis, contre l’Arabie
Saoudite. Et derrière le prince Turki, il y a le Prince héritier Mohammed ben
Salmane, sans aucun doute, dont il est le relais.
Question : c’est-à-dire que
selon vous, le prince Turki est en quelque sorte le porte-voix de l’Arabie
Saoudite et du Prince héritier Mohammed ben Salmane, chargé de sonder et de
rappeler les États-Unis à la raison ?
Réponse : cela me semble évident. Turki al-Faisal sait
beaucoup de choses, et il envoie beaucoup de messages. Il a eu raison de dire
que les États-Unis ne pouvaient de toute façon pas rester en Afghanistan, qu’ils
ont évacué à l’été 2021. Le prince Turki al-Faisal a envoyé
d’autres signaux en direction des États-Unis après ce retrait d’Afghanistan :
sur Jamal
Khashoggi, sur les attentats du 11 septembre 2001, sur le rôle des États-Unis
au Moyen-Orient… Des signaux de sagesse qui avaient plusieurs sens,
tandis que les Etats-Unis faisaient entendre leur volonté de désengagement du
Moyen-Orient.
Sur ces sujets, l’Arabie est de plus
en plus incriminée et prise à partie, depuis les Etats-Unis, pour des raisons
qui ne sont pas présentées avec toute l’honnêteté requise… Même durant l’ère
Trump ! Notamment, la mise sous pression judiciaire à intervalles
réguliers de l’Arabie (depuis l’époque Obama), qui se voit potentiellement
menacée d’un gel de ses avoirs en dollars, sous prétexte de l’implication de
pirates de l’air saoudien durant les attentats du 11 septembre 2001 : ce
n’est absolument pas un comportement d’un allié envers un autre allié. C’est plutôt
une logique d’encaisseur mafieux qui voudrait racketter l’Arabie Saoudite, au
mépris des réelles responsabilités dans ces attentats.
Alors, je ne sais pas, moi, mais
peut-être, qui sait, que l’Arabie Saoudite en a marre de se voir incriminée
sans cesse pour tout et son contraire ? Alors que les initiés savent très
bien ce qu’il convient d’en penser… Que disent, déjà, les patriotes américains,
au sujet du 11 septembre 2001, de l’implication d’une certaine partie de la
communauté juive américaine ou de l’establishment israélien, et de l’étonnante
complicité des autorités américaines ?
Il me semble que le Dr. Steve Pieczenik, entre de nombreux autres, a déjà donné
une version bien plus complète de la réalité, dès avril 2002. Et pourtant,
depuis plusieurs années, on n’incrimine que l’Arabie et on fait pression contre
elle seule ? C’est l’affaire des « 28 pages » :
le dossier ciblant l’Arabie Saoudite à l’occasion de ces attentats du 11
septembre 2001, mais uniquement l’Arabie ! Les initiés savent ce qu’il
convient de penser de cette hypocrisie délirante…
Alors, quand par exemple la Russie
est trop lourdement accrochée par les États-Unis et par Israël, en Syrie ou en
Ukraine, elle laisse entendre qu’elle pourrait révéler certaines imageries
satellites concernant le 11 septembre 2001… Vu de France, où la Communauté du
renseignement fut à l’époque, avec le Renseignement russe, la plus lucide sur
ces attentats du 11 septembre 2001, nous savons bien sûr ce qu’il convient d’en
penser.
Mais la Russie brise ici un tabou et les Saoudiens menacent aussi de le briser.
Les États-Unis et Israël savent parfaitement ce que cela signifie…
Question : c’est-à-dire que
selon vous, l’Arabie Saoudite est en quelque sorte le bouc émissaire parfait,
mais la Russie lui vient aujourd’hui en aide ? N’est-ce pas contradictoire
avec les combats qu’a mené la Russie, au Moyen-Orient et en Asie
centrale ?
Réponse : Certes, mais les circonstances ont changé. Du
reste, il conviendrait être clair au sujet de ce dont nous parlons : il y a le
terrorisme, et il y a les combattants mercenaires des guerres asymétriques.
C’est bien sûr un sujet sensible, mais ce sont déjà deux choses différentes.
Il
faut rappeler l’Histoire avec pragmatisme : l’alliance americano-saoudienne
dans la guerre d’Afghanistan précédente est documentée (1979-1989).
Mais elle pouvait
tout à fait se justifier dans le contexte de la Guerre froide, face à l’URSS
dont le système était réellement un danger pour le reste du monde. Sauf que, pour
être complet dans ce raisonnement, encore faudrait-il comprendre
qu’historiquement, le système soviétique avait été mis en place depuis les
États-Unis : par les mêmes intérêts financiers qui détruisent aujourd’hui
les États-Unis et le reste de l’Occident, et qui voudraient aujourd’hui dominer
l’Arabie.
Ce
qui veut dire que la lecture du tableau est tout à fait différente, si l’on
considère que l’URSS était « la grande menace », ou bien que c’était
en réalité l’internationalisme financier anglo-américain (en réalité celui de
la City et de Wall Street) qui était la véritable grande menace. Une grande
menace qui perdure, alors que le système soviétique n’existe plus. C’est ce qui
nous impose de comprendre la réalité du système mondialiste actuel, et de ce
qui va évoluer durant les années qui viennent.
Mais
dans le contexte d’une Russie redevenue la Sainte Russie, luttant contre les « nouveaux
bolchéviques » de notre époque, c’est-à-dire contre les combattants
mercenaires utilisés pour détruire la Syrie, à l’initiative des Etats-Unis, du
Royaume Uni et d’Israël, l’Arabie peut tout à fait prendre
acte de cette nouvelle réalité. Les initiés savent ce qu’il convient d’en
penser, mais la diplomatie, c’est aussi le pragmatisme. Ce qui est aujourd’hui
capital, c’est la façon dont la Russie est en train de sauver le
Moyen-Orient, avec l’appui de la Chine, et c’est l’Arabie Saoudite qui devient
de nouveau l’Etat-pivot du Moyen-Orient, grâce à la sagacité du Prince héritier
Mohammed ben Salmane. De fait, même Israël est en train de comprendre que
l’alliance américaine est en train de s’effondrer avec l’effondrement à venir
du pétrodollar.
Question :
c’est-à-dire que l’évolution du Moyen-Orient, va permettre en fait à l’Arabie
de s’émanciper de la tutelle américaine ?
Réponse : Plus précisément, je pense que la tutelle
américaine anciennement fiable, est en train d’être sabotée délibérément par le
mondialisme, afin de pouvoir dominer financièrement l’Arabie : capter les
richesses, mais sans la protection des États-Unis.
Sauf
qu’en face, un nouveau système financier sous protection russo-chinoise est en
train d’émerger, comme concurrent du système financier mondialiste dérivé du
pétrodollar, dont j’avais parlé dans mon article précédent.
C’est
dans ce contexte que les choix du Prince héritier Mohammed ben Salmane sont les
meilleures que puisse faire aujourd’hui l’Arabie. C’est parce que la Russie et
la Chine ont su créer un nouveau contexte, mais c’est l’intelligence de
Mohammed ben Salmane qui lui permet de jouer honnêtement cette nouvelle
opportunité historique. Et je pense, de faire passer d’excellents messages par
l’entremise du Prince Turki al-Faiçal.
En
fait, tout ceci est le renouveau d’une lutte aujourd’hui bien trop souvent
oubliée par les Occidentaux, alors que les Russo-Chinois se sont nourris de
cette expertise historique occidentale, aujourd’hui ironiquement « interdite »
en Occident.
Ce
sont cinq siècles de montée progressive d’un impérialisme financier
internationaliste, c’est-à-dire déconnecté des Etats et vampirisant les Etats
comme les peuples, qu’il nous faut comprendre. Cet internationalisme financier
qui a été régulièrement dénoncé par des esprits puissants aux États-Unis, en
Angleterre, en Occident ou dans le reste du monde. Et pourtant, cet
internationalisme financier s’est imposé au monde grâce à deux guerres
mondiales au XXe siècle, dont les causes réelles n’étaient pas du tout celle
que l’on nous apprend aujourd’hui.
En
effet, l’une des causes principales de la Première Guerre mondiale était un
duel entre deux modèles économiques opposés. D’un côté, un modèle prédateur et
colonialiste, le modèle abusivement considéré comme « britannique »,
en vérité mondialiste. De l’autre, le modèle économique dit
« allemand », en réalité le vrai modèle économique européen qui était
à l’époque adopté aussi par les États-Unis et la Russie. De la Première Guerre
mondiale naquit la Révolution bolchevique contre la Russie en 1917, et c’est
parce que la Russie était devenue l’URSS, propageant des troubles dans toute
l’Europe, que la Seconde Guerre mondiale fut possible, à partir d’un clivage radical
entre bolchevisme (puis soviétisme) et nazisme.
Entre-temps,
les États-Unis furent convertis à ce modèle économique mondialiste, et ils en
sont devenus le bras armé après la Seconde Guerre mondiale. Mais
l’internationalisme financier les a également subvertis, malgré les résistances
comme le maccarthysme, ou plus tard certaines prises de conscience de l’ère
Reagan. Les eurodollars puis la guerre du Viêt-Nam avaient été conçus pour
ruiner les Etats-Unis, en transférant massivement des richesses vers certains
opérateurs privés et au final ver les mégabanques, comme la guerre
d’Afghanistan récemment terminée. Ce n’est qu’aujourd’hui que les patriotes
américains commencent réellement à comprendre ce qui leur est arrivé,
c’est-à-dire comme dirait le général MacArthur : « trop peu, trop tard ».
Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Question :
donc, si je vous comprends bien, les États-Unis sont en danger et plutôt que de
partager leur sort, l’Arabie Saoudite est en train de faire le meilleur choix
pour sa survie ?
Réponse : Réponse duale. Dans le contexte des abus de Wall Street, des élections
volées, le mondialisme veut délibérément sacrifier les États-Unis et tout
l’Occident dans les années qui viennent, oui.
Le
Président Charles de Gaulle avait averti au sujet des conséquences de ce genre
de géopolitique américaine erratique, dès 1963 : « La vérité, c’est que
les Américains finiront par se faire détester par tout le monde. Même par leurs
alliés les plus inconditionnels. Tous les trucages qu’imaginent les Américains
sont démentis par les événements. » Mais la France fustigeait
ici, non pas les véritables États-Unis, mais en réalité le détournement des
États-Unis par une finance vampire et mondialiste.
C’est
dans ce contexte que les États-Unis de Joe Biden prétendent encore aujourd’hui
jouer un rôle qui n’est plus positif, au Moyen-Orient mais aussi en Ukraine
dans le reste du monde. Mais en réalité, les États-Unis de
Joe Biden sont en train de perdre l’Arabie Saoudite, et c’est une très bonne
chose pour l’Arabie et pour la paix au Moyen-Orient. C’est dans ce contexte
qu’enfin, l’Administration Biden a envoyé secrètement son directeur de la CIA
pour rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salmane, à la mi-avril 2022. « Trop peu, trop tard »…
Il
y a sans doute aussi une coopération occulte entre la Russie et les États-Unis
dont j’ai déjà parlé, dans ce « nouvel ordre mondial à cinq » que
j’avais évoqué en 2020. Derrière la guerre de
Syrie, il y avait déjà une coopération entre les patriotes américains et les
patriotes (Siloviki) Russes. Derrière la guerre d’Ukraine, j’envisage tout
autant une nouvelle coopération entre les patriotes russes et les patriotes
américains : car l’Ukraine a servi de base de corruption majeure pour l’État
profond américain. Assécher le Marais à Washington, suppose de fermer la vanne
ukrainienne.
C’est assez drôle, car c’est l’inverse de ce que disent les
« fondations » antirusses de Washington, comme la Free Russia
Foundation, qui nous explique à
qui veut bien entendre que c’est la Russie qui contamine le si vertueux monde
occidental tout entier avec toute sa méchante corruption
« russe »…
Je
pense pourtant que les patriotes américains pourront restaurer leur République.
Il est tout à fait possible que Donald Trump revienne dans l’Histoire, mais
cela ne suffira pas pour autant. Les Etatsuniens ne pourront faire l’économie
de certaines prises de conscience : ils devront comprendre d’où vient la
subversion aux États-Unis afin d’y mettre un terme.
Et ceci, en écoutant notamment la Russie, mais aussi la France, à condition
qu’elle ne soit plus gouvernée par Emmanuel Macron…
« L’hypothèse chinoise sur les expériences biologiques militaires
US » Réseau Voltaire | 25 mai 2022
https://french.presstv.ir/Detail/2022/05/20/682406/Drone-D%C3%B4me-de-fer-Isra%C3%ABl-Hezbollah-DCA-Palestine-Khan-Youn%C3%A8s-Rafah-Sir%C3%A8nes-d%E2%80%99alerte--
DALL, Curtis
B. : Franklin D.Roosevelt ou comment mon beau-père a été manipulé. 1968. VF : Sigest, 2015.
Dr. Steve Pieczenik, sur Benghazi, Israël, le
11 septembre 2001, Netanyahou, l’AIPAC, le Sionisme. »
(Infowars/CVR, 16 Septembre 2012). « Steve Pieczenik - entrevue avec
Alex Jones, Infowars, 4 mars 2015 concernant Netanyahou spécialement » (Steve Pieczenik/CVR, 4/3/2015).
https://reseauinternational.net/washington-a-t-il-attire-erdogan-dans-un-piege/
« La roulette russe d'Erdogan : était-ce uniquement une revanche pétrolière? »
F. William Engdahl, 26/11/2015
http://www.williamengdahl.com/frenchNeo26Nov2015Full.php