Par Sorcha Faal, le 10 mai 2013
Les
minutes alarmantes de la rencontre de la semaine passée entre le président
Vladimir Poutine et le secrétaire d’état US John Kerry révèlent "l’extrême
outrage" du dirigeant russe concernant la protection, par le régime
Obama, des géants de l’agrochimie Syngenta et Monsanto face à une "apocalypse
des abeilles" dont le Kremlin avertit qu’elle "mènera très
certainement" à une guerre mondiale.
Selon
ces minutes, publiées aujourd’hui au Kremlin par le ministère des ressources
naturelles et de l’environnement de la fédération de Russie (
MRNE), Poutine était
si énervé du refus du régime Obama de discuter de ce sujet très grave qu’il
déclina pendant trois heures de recevoir Kerry, qui avait
voyagé jusqu’à Moscou pour une mission diplomatique programmée d’avance, mais
se ravisa pour ne pas créer une scission encore plus grande entre les deux
nations.
Au
centre de cette dispute entre la Russie et les USA, annonce ce rapport du MRNE,
sont les "
preuves incontestées" qu’une gamme d’insecticides
neuro-actifs liés à la nicotine, connue sous le nom de
néo-nicotinoïdes,
détruisent la population d’abeilles de notre planète, ce qui, laissé en l’état,
pourrait anéantir la capacité de notre monde à faire pousser assez de
nourriture pour nourrir ses populations.
Cette
situation est devenue si sérieuse, rapporte le MRNE, que la Commission
Européenne dans son ensemble a institué la semaine dernière une interdiction de
précaution de deux ans (
devant commencer le 1 décembre 2013) sur l’usage de ces
pesticides "tueurs d’abeilles" à la suite
de la Suisse, de la France, de l’Italie, de la Russie, de la Slovénie et de
l’Ukraine, qui avaient déjà tous interdit l’usage d’organismes génétiquement
modifiés des plus dangereux sur le continent.
Deux
des néo-nicotinoïdes les plus redoutés sous le coup de cette interdiction sont
Actara et
Cruiser, fabriqués par la multinationale suisse de
biotechnologie
Syngenta AG, qui emploie plus de 26000 personnes dans plus
de 90 pays, eu troisième rang mondial des ventes sur le marché commercial des
semences agricoles.
Il
est important de noter, dit ce rapport, que Syngenta, avec les géants de la
bio-tech Monsanto, Bayer, Dow et DuPont contrôlent maintenant
presque 100% du marché global de pesticides et de semences
et plantes génétiquement modifiées.
Relevable
également à propos de Syngenta, poursuit le rapport, en 2012 Syngenta fut
condamnée en Allemagne pour avoir caché le fait que son
maïs génétiquement modifié tue le bétail, et paya comme réparation d’une
plainte collective
$105 millions aux USA suite à la découverte de la
contamination de l’eau potable de quelques 52 millions de citoyens
états-uniens, dans plus de 2000 bassins aquifères avec son
herbicide "changeur de genre" Atrazine.
"En
tant que composante d’une étude sur les effets de la classe d’insecticides les
plus utilisés au monde, des produits chimiques similaires à la nicotine appelés
les néo-nicotinoïdes, l’American Bird Conservancy (ABC) a appelé à une
interdiction de leur usage et à la suspension de toutes leurs applications en
attente d’un examen indépendant des effets de ces produits sur les oiseaux, les
invertébrés terrestres et aquatiques, et d’autres organismes vivants.
Il
est clair que ces produits chimiques ont le potentiel d’affecter des chaînes
alimentaires entières. La persistance dans l’environnement des
néo-nicotinoïdes, leur propension au ruissellement et à l’infiltration dans les
eaux souterraines, et leur mode d’action cumulatif et grandement irréversible
chez les invertébrés soulèvent des inquiétudes écologiques sérieuses," a
dit Cynthia Palmer, co-auteure du rapport et directrice des programmes sur les
pesticides pour ABC, l’une des organisations les plus éminentes des USA pour la
conservation des oiseaux.
ABC
a commandité le toxicologue environnemental de renommée mondiale le Dr. Pierre
Mineau pour mener ces recherches. Le rapport de 100 pages, "L’impact des
insecticides les plus usités de la nation sur les oiseaux", passe en revue
200 études sur les néo-nicotinoïdes dont des études menées par l’industrie
elle-même et obtenues grâce au Freedom of Information Act US (loi sur la
liberté de l’information, ndt). Le rapport évalue le risque toxicologique
encouru par les oiseaux et les écosystèmes aquatiques, et comprend des
comparaisons exhaustives avec les anciens pesticides que les néo-nicotinoïdes
ont remplacé. Le document conlut que les néo-nicotinoïdes sont mortels pour les
oiseaux et aux systèmes aquatiques dont ils dépendent.
"Un
seul grain de maïs enduit d’un néo-nicotinoïde peut tuer un passereau,"
atteste Palmer. "Même un tout petit grain de blé ou sa canule raité avec
le plus ancien des néo-nicotinoïde – dénommé imidacloprid – peut empoisonner un
oiseau de manière fatale. Et aussi peu qu’un dixième de semence de maïs
recouverte de néo-nicotinoïde par jour pendant la saison de ponte est tut ce
qu’il faut pour perturber la reproduction."
Le
nouveau rapport conclut que les taux de contamination par les néo-nicotinoïdes
dans les eaux de surface et souterraines aux États-Unis et autour du monde ont
déjà dépassé le seuil constaté être mortel pour beaucoup d’invertébrés
aquatiques.
Rapidement
suite à ce sévère rapport, dit le MRNE, un large groupe d’apiculteurs et
d’écologistes états-uniens
a porté plainte contre le régime Obama à cause de la poursuite
de l’usage de ces néo-nicotinoïdes, affirmant: "Nous amenons l’EPA (
Environmental
Protection Agency, agence de protection de l’environnement US, ndt) devant
les tribunaux à cause de son échec à protéger les abeilles des pesticides.
Malgré nos meilleurs efforts pour prévenir l’agence des problèmes posés par les
néo-nicotinoïdes, l’EPA a continué d’ignorer les signes d’avertissement clairs
d’un système agricole en péril."
La
gravité de ce qui est vraiment devenu le système agricole planétaire du fait de
ces plantes et semences génétiquement modifiées et ces pesticides, poursuit le
rapport, peut être comprise à travers la décision de la Commission Européenne
la semaine dernière, qui fait suite à leur interdiction des néo-nicotinoïdes,
où ils projettent de rendre illégales presque toutes les plantes et semences
non-enregistrées auprès de l’Union Européenne, et nous pouvons
lire,
entre autres:
"L’Europe
se précipite vers les bons vieux jours de 1939, 40… Une nouvelle loi proposée
par la Commission Européenne rendrait illégales "la culture, la
reproduction et le commerce" de toutes semences végétales qui n’aient pas
été "testées, approuvées et acceptées" par une nouvelle bureaucratie
de l’UE dénommée "l’agence de l’UE des variétés végétales.
Cela
s’appelle la Loi sur le Matériel Reproductif Végétal, et entend rendre le
gouvernement responsable de presque toutes les plantes et semences. Les
jardiniers chez eux qui font pousser leurs propres plantes à partir de semences
non-régulées seraient considérés comme des criminels sous cette loi."
Ce
rapport du MRNE souligne que bien que cette action de l’UE paraisse
draconienne, elle est néanmoins nécessaire pour purger le continent d’une poursuite
de la contamination par ces "monstruosités de semences"
engendrées par la génétique de laboratoire.
"L’Union
Européenne a voté cette semaine une interdiction de deux ans de l’usage d’une
classe de pesticides, connus sous le nom de néo-nicotinoïdes, qui a été
associée avec la disparition des abeilles. Le rapport du gouvernement US, par
contre, trouva des causes multiples à la disparition des abeilles mellifères."
"Après
sa victoire aux élections de 2008, Obama donna des postes-clés à des employés
de Monsanto dans des agences fédérales ayant une influence considérable sur les
thèmes alimentaires, la USDA (US Department of Agriculture, ministère de
l’agriculture US, ndt) et la FDA (Food and Drug Administration, agence des
aliments et des drogues, ndt): à la USDA, comme directeur du National
Institute of Food and Agriculture (institut national de la nourriture et de
l’agriculture, ndt), Roger Beachy, ancien directeur du Danforth Center de
Monsanto. Comme commissaire adjoint de la FDA, le nouveau tsar des sujets de
sécurité alimentaire, le notoire Michael Taylor, ancien vice-président des
relations publiques de Monsanto. Taylor avait été instrumental dans l’obtention
de l’approbation de l’hormone de croissance bovine fabriquée en laboratoire de
biogénétique par Monsanto."
"La
Chambre des Représentants US a passé en catimini un ajout de dernière minute à
sa loi de prévision budgétaire agricole pour 2013 la semaine dernière –
incluant une provision protégeant les semences génétiquement modifiées de
litiges en cas de risques sanitaires.
Le
texte, portant le titre officiel de "Farmer Assurance Provision" (provision
d’assurance des fermiers, ndt), a été dénoncé par des opposants au lobbying
biotechnologique comme le "Monsanto Protection Act", car il
retirerait aux tribunaux fédéraux l’autorité pour faire immédiatement stopper
la plantation et la vente de plantes et semences génétiquement modifiées en
dépit de toutes considération sanitaires des consommateurs.
La
provision, également décrite comme un "texte biotech", aurait dû
passer par des comités agricoles ou juridiques pour examen. Au contraire,
aucune audition n’a eu lieu, et le document était de toute évidence inconnu de
la plupart des Démocrates (qui détiennent la majorité au Sénat) avant son
approbation comme partie du HR 993, la loi de financement à court terme qui fut
passée pour éviter une banqueroute du gouvernement fédéral."