Qui est Peter
Comey et pourquoi cette question est importante?
Par F. William Engdahl 9
Décembre 2018
Le 7 décembre,
après des semaines de résistance légale, l’ancien Directeur du FBI James Comey a
été forcé de comparaître lors d’une audience tenue à huis clos, convié par des
Représentants Républicains de la Chambre des représentants. Cette audience [hearing] était demandée à fin
d’investigation concernant le biais politique de Comey et d’autres officiels
contre Donald Trump alors qu’il était encore candidat à la présidence. Dans les
derniers jours, la mise au point a commencé à se déporter à la surprise de bon
nombre de democrates du CND,
vers Hillary Clinton et James Comey.
Depuis près de deux ans, le monde a été inondé par des
fuites sélectionnées et des clameurs alléguant un « biais russe [Russian bias]»
afin de tenter de vicier la candidature
de Trump. Nous avons alors vu la désignation d’un Conseil Spécial [Special
Council] du Département de la Justice afin d’enquêter, sur le dossier qui
fut remis aux Congrès national démocrate en 2015 par un ex-agent britannique
douteux du MI-6, Christopher Steele. À présent, dans le sillage des élections
américaines de mi-mandat de novembre 2018, à l’occasion desquelles les Républicains
sont parvenus à améliorer leur majorité au Sénat (53-47), l’attention s’est tournée vers Hillary Clinton, James Comey et vers la
Fondation Clinton [Clinton Foundation]
aussi controversée qu’hautement intéressée [NdT : les Fondations sont
réputées normalement ne pas rechercher de profit].
Sans en reprendre tous les détails ici, les faits bruts
gravitent autour d’accusations lancées par les principaux Médias PC[1],
alléguant une obstruction par Trump à l’action de la justice, ainsi qu’une
révocation abusive de Comey, en plus des allégations
concernant des « crimes russes » de Trump [NdT : Intelligence
avec une puissance étrangère], sur lesquels le Conseil Spécial, présidé par
l’ancien patron du FBI Robert Mueller, est censé enquêter. Depuis deux ans, le
public a donc été inondé de détails sensationnels et de fuites autour de ces
investigations menées contre Trump et ses associés. Mais à présent, à la
surprise de bien des observateurs, les projecteurs semblent se porter sur les
méfaits non pas de Trump, mais d’Hillary Clinton, de Comey et de la Fondation
Clinton de plus en plus controversée…
La réouverture
de l’enquête concernant les e-mails Hillary Clinton.
Rappelons que durant la campagne présidentielle
américaine litigieuse de 2016, ayant vu s’affronter Hillary Clinton et Donald
Trump, il est devenu notoire qu’en tant que Secrétaire d’État sous la
présidence Obama, Hillary Clinton avait utilisé un serveur de courriel privé pour son travail en tant que Secrétaire
d’État, ceci en violation des prescriptions légales de sécurité. Mais au
terme d’une enquête qui avait suivi, menée par James Comey qui était alors à la
tête du FBI, et qui était apparue clairement comme ayant visé avant tout à
blanchir Hillary Clinton, James Comey avait déclaré en juillet 2016 que « bien qu’il y ait des éléments de preuve faisant
état de violations potentielles des
statuts, concernant la manipulation de l’information classifiée, mon jugement est
qu’aucun procureur raisonnable ne porterait un tel cas devant le juge
». La déclaration finale de Comey avait également choisi d’ignorer les
problèmes cruciaux, comme la question de savoir combien de ces courriels
litigieux contenaient des informations classées secrètes ou très secrètes. Or
il a plus tard émergé que Comey avait
rédigé le brouillon de sa déclaration concernant l’exonération de Clinton,
presque deux mois avant que les investigations du FBI ne soient réellement parvenues
à leur terme...[i]
Gardons ici à l’esprit que ces courriels étaient aussi liés
aux activités de la Fondation Clinton,
qui était gouvernée à cette époque par son mari Bill.
À présent, le juge de District fédéral Royce Lamberth vient
d’ordonner que ce procès des courriels
d’Hillary Clinton soit réouvert, écrivant que : « dans le pire de cas, des employés faisant
carrière au sein des Départements d’État et de la Justice sont entrés en collusion afin de saborder toute examen
public [de cette affaire], contournant la loi américaine sur la liberté de
l’information [FOIA], et a trompé cette cour ».[ii]
La Fondation
Clinton en ligne de mire.
A présent, le Représentant (Républicain, NCA [Caroline du
Nord]) du Congrès Mark Meadows
a déclaré à la presse, qu’un faisceau
d’indices tend à apparaître contre la Fondation Clinton. Meadows siège en
ce moment même en tant que président de la Commission de supervision de la
Chambre [Congrès] sur les opérations du gouvernement [House
Oversight Subcommittee on Government Operations] ; il est
donc idéalement positionné pour examiner l’organisation des audiences de ces
dernières semaines, et a été impliqué dans le passage de Comey à la question le 7 décembre 2018. Evoquant des
éléments de preuve, Meadows a déclaré à Fox News ce jeudi [6 décembre 2018] que
des centaines de pages d’éléments de preuve provenant de plusieurs témoins
doivent être étudiés, mais qu’un examen préliminaires superficiel « soulève de graves préoccupations quant au fait que leurs opérations ne seraient
pas sincères [au sens comptable], comme le public américain a pu être
conduit à croire [auparavant] ».[iii]
La commission que préside Mark Meadows doit par ailleurs
recueillir le 13 décembre 2018, la déposition de John Huber, un procureur
spécial [special US Attorney] qui a
été nommé il y a un an afin d’enquêter sur les possibles activités illégales autour de la Fondation Clinton,
lorsqu’Hillary Clinton était Secrétaire d’État.
Un lanceur
d’alerte de la Fondation Clinton révèle la conspiration
Le 7 décembre, le site d’information en ligne sur la vie
politique Washington The Hill,
rapportait que 6000 pages d’éléments de preuve avaient été jointes à un dossier soumis par un lanceur d’alerte,
et étaient en train d’être instruites en secret depuis au moins un an par le
fisc [IRS] et le FBI, par quelqu’un nanti d’une connaissance d’initié relative
à la Fondation Clinton. Il fut rapporté que ces documents révélaient que la Fondation Clinton s’est engagée dans des
affectivité illégale, et pouvait
être redevable de millions de dollars d’impôts impayés et autres pénalités.
Huber doit déposer à ce sujet ainsi que sur les autres découvertes accumulées
par son équipe de quelques 470 procureurs depuis 2017.[iv]
A la lumière de ces derniers développements, une nouvelle
du 4 décembre 2018 suggère que les
choses pourraient devenir très explosives à la suite de ces révélations
concernant la Fondation Clinton. Ce jour-là, le procureur américain pour le
District Sud de New York, Geoffrey Berman, a émis un acte de mise en accusation [sealed indictment] contre une firme
juridique panaméenne, Mossack Fonseca,
fondée sur des motifs légaux incluant la « conspiration afin de frauder les États-Unis [Conspiracy to Defraud the
United States], conspiration en vue de commettre une fraude électronique [Conspiracy
to Commit Wire Fraud], conspiration à fin de commettre une évasion fiscale [Conspiracy
to Commit Tax Evasion], incluant du blanchiment d’argent [Money Laundering] ».
L’avocat de la Mossack Fonseca, Ramses Owens, ressortissant panaméen de 50 ans,
reste pour le moment introuvable.[v]
Le cabinet Mossack Fonseca fut par ailleurs au cœur des
révélations de 2015 par Wikileaks de
ce qui fut alors appelé les Panama Papers. Il avait par ailleurs
de nombreux liens avec la Fondation Clinton. Ces derniers incluaient Gabrielle Fialkoff, directrice
financière de la première campagne sénatoriale d’Hillary Clinton, et
aujourd’hui « conseillère senior » auprès du maire de New York Bill
de Blasio. Fialkoff a fait de dons à la Fondation Clinton et à la campagne
présidentielle d’Hillary Clinton. Ils incluent également le louche milliardaire
canadien de l’industrie minière Frank
Giustra, un partenaire en affaires de Bill Clinton et membre du Conseil de
la Fondation Clinton, qui se trouve au centre de l’affaire Uranium One qui promet de devenir bientôt infamante. La compagnie à
l’étranger de Guistra, UrAsia Energy Ltd, était citée dans les fuites Panama
Papers de Mossack Fonseca.[vi]
D’autres instructions et investigations, incluant des
révélations forcées ordonnées par la cour, ont également dévoilé des preuves
suggérant que tandis qu’Hillary Clinton était la Secrétaire d’État d’Obama,
elle a utilisé aux côtés de son mari Bill la Fondation Clinton afin de
solliciter des millions des centaines de millions de dollars en tant que
donations « de charité », de la part de pays comme l’Arabie Saoudite,
le Nigéria, le Bahreïn en faveur de sa Fondation, en échange d’un accès direct
à la Secrétaire d’État Hillary Clinton[2].
À cette époque, la chef de cabinet d’Hillary Clinton au département d’État,
Cheryl Mills, siégeait également au Conseil de la Fondation Clinton, et semble
toujours en faire partie.[vii]
Peter Comey, frère
de James Comey, auditant la Fondation Clinton…
A présent il apparaît également que James Comey a un
frère, Peter Comey, qui a occupé une position d’exécutif au sein de la firme
d’avocats de Washington qui a réalisé l’audit
de la Fondation Clinton en 2015. Peter Comey était en effet officiellement
le « directeur senior pour les
opérations immobilières dans les Amériques [Senior Director of Real Estate Operations for the Americas] »
de DLA
Piper en 2015, quand les scandales de la Fondation Clinton ont surgi
pour la première fois tandis qu’Hillary Clinton se préparait à la campagne
présidentielle. Et DLA Piper, la
firme dans laquelle travaillait le frère de Comey, n’était pas seulement
impliquée dans l’audit de la fondation Clinton. D’après les documents relatifs
aux donneurs de la fondation, DLA Piper
a également donné entre 50 000 et
100 000 $ à la Fondation.[viii]
Il y a encore d’autres « coïncidences », comme
le rôle qui fut celui de James Comey
avant qu’il ne devienne le patron du FBI, en tant que vice-président d’un
des principaux cocontractants du secteur de la défense Lockheed Martin, qui devint également une entreprise donatrice à la
Fondation Clinton.[ix]
Peter Comey, travaillant pour la firme juridique qui a
réalisé l’audit de la Fondation Clinton, à un moment où son frère présidait le
FBI et mena le blanchiment en règle de la Secrétaire d’État Hillary Rodham
Clinton [dans la perspective de sa candidature à la présidence], ceci pourrait
avoir d’énormes conséquences pour qui veut bien le comprendre. Rien que la
seule perspective d’un tel conflit
d’intérêt aurait dû conduire à ce que le directeur du FBI Comey se récuse de lui-même
et se déporte pour éviter tout contact avec l’enquête de 2016 relative aux
courriels du serveur privé d’Hillary Clinton.
À présent, l’émergence d’un initié lanceur d’alerte
provenant de la Fondation Clinton travaillant avec le Département à la Justice
américain, parallèlement à l’investigation Huber, menacent de souffler le
couvercle de ce qui ressemble de plus en
plus à l’un des centres les plus inouïs de corruption politique à Washington.
La raison devient de plus en plus claire, pour laquelle Hillary Clinton et ses
amis ont pu utiliser leur influence au sein du gouvernement et dans les médias
PC afin de discréditer le Président
Trump, et d’essayer de clore toutes les enquêtes avant qu’elles ne soient
inscrites aux rôles des tribunaux. À présent les choses vont devenir
intéressantes, tandis que se concrétisent les signes qu’une « enquête
Clinton » du Département de la Justice est prête à être présentée au
public…
William F. Engdahl est consultant en risques stratégiques et conférencier, titulaire
d’un diplôme en Sciences Politiques de l’Université de Princeton. Il est
l’auteur de plusieurs livres mondialement connus sur le pétrole, la
géopolitique et les OGM. Son dernier livre traduit en français : “Le
charme discret du djihad”, est disponible aux éditions Demi-Lune et
synthétise l’Histoire de l’instrumentalisation du djihadisme par l’Etat profond
américain.
Rappel CVR :
« Message
du Renseignement Militaire (DIA) à Hillary Clinton : "retirez-vous de la
course présidentielle pour cause d'investigation du FBI..." » (CVR, 14 février 2016)
[2] NdT : déjà dénoncé par
Robert Baer (La chute de la CIA, Lattès,
2002) concernant la présidence de Bill Clinton.
[i] Max Kutner,
Comey’s Early Clinton Draft Said She Should Face ‘No Charges’, Newsweek,
December 15, 2017, https://www.yahoo.com/news/comey-early-clinton-draft-said-225935712.html
[ii] Rusty, Judge
Orders State and Justice Departments to Reopen Clinton Email Case, December 7,
2018 , https://thepoliticalinsider.com/judge-orders-hillary-clinton-email-reopen/
[iii] David Krayden,
Evidence Mounting Against Clinton Foundation Says Congressman,
[iv] John Solomon, Feds
received whistleblower evidence in 2017 alleging Clinton Foundation wrongdoing,
The Hill, 6 December, 2018, https://thehill.com/opinion/white-house/420131-feds-received-whistleblower-evidence-in-2017-alleging-clinton-foundation.
[v]Charles Hunter
Mason, FIRST DOJ INDICTMENTS UNSEALED Clinton Foundation Connected Bank Mossack
Fonseca Tied To Money Laundering, 5 December, 2018, https://www.dailycrusader.com/2018/12/first-doj-indictments-unsealed-clinton-foundation-connected-bank-mossack-fonseca-tied-to-money-laundering/
NdT : Texte
de la mise en accusation motivée « U.S. vs. Ramses Owen »,
téléchargeable aux adresses suivantes :
Voir aussi : “U.S. Indicts 4
in First Panama Papers-Related Charges“ (Fortune, 5-12-18), pour le
lien possible avec le „Panama papers“…
[vi] RT, Hillary
Clintons wealthy donors revealed in Panama Papers, 21 April, 2016, https://www.rt.com/usa/340480-clinton-donors-panama-papers/
[vii] Alana Goodman, Top
State Department Aide Listed as Clinton Foundation Director, April 1, 2015, https://freebeacon.com/politics/top-state-department-aide-listed-as-clinton-foundation-director/
[viii] Comey’s Brother
Works for the Law Firm That Handles Clinton Foundation’s Taxes, May 12, 2017, https://www.thegatewaypundit.com/2017/05/report-comeys-brother-works-law-firm-handles-clinton-foundations-taxes/
[ix] FBI Director James
Comey’s Clinton Foundation Connection, 10 September, 2016, https://www.breitbart.com/politics/2016/09/10/exposed-fbi-director-james-comeys-clinton-foundation-connection/