« Thierry Meyssan : Comment truquer
les élections US » : l'illusion de la démocratie, du fait des moyens modernes de la guerre
psychologique...
« Intervention du journaliste indépendant
Thierry Meyssan sur une télévision syrienne francophone où il expose la vérité
sur la soi-disant démocratie américaine : le peuple n'est en aucun cas
souverain, et désormais des sociétés spécialisées en opérations psychologiques
sont utilisées pour fabriquer de faux partis et influencer l'opinion publique.
Nous vivons vraiment de plus en plus
dans le règne du mensonge, de la manipulation, de la propagande, et de
l'illusion, où tout est devenu trompeur et très dangereux pour l'esprit.
Un
exposé clair et didactique montrant que le peuple américain a complètement
perdu le contrôle de sa République.
»
Note CVR :
Thierry Meyssan,
consultant politique, Président–Fondateur du Réseau Voltaire et
de la conférence Axis for Peace
[Axe pour la Paix].
En France, nous en sommes encore au
rouleau compresseur médiatique écrasant tout contestataire de la version officielle du 11 septembre 2001 (voir pour un
exemple, l'émission
mythique Kassowitz/Bigard face à l'hypocrisie médiatique incarnée, dans
l'émission "L'Objet du Scandale"
France 2, 28 octobre 2009 , il y avait une seconde partie "soviétoïde"
tentant d'écraser les deux invités encore un peu plus).
Meyssan fut officiellement connu comme
l'odieux auteur du célèbre livre "L'effroyable imposture" (Carnot,Paris, 2002)
sur ce sujet, le premier livre certainement au monde, qui osa poser... les
bonnes questions. Les nombreuses
déclarations de Steve Pieczenik depuis avril 2002, rendent totalement caducs ces
oppositions des médias "PC" (Principaux Courants / Politiquement Corrects
[Mainstream]) "français", que l'on devrait plutôt appeler média
"mondialistes / stipendiés / aux ordres" car c'est ce qu'ils sont
avant tout.
Afin d'illustrer ce sujet, à quel
point il n'est pas récent, rappelons les
mots prononcés par le célèbre journaliste et auteur américain John Swinton,
lors d’un banquet à New York le 25 septembre 1880, se fâchant alors qu'on
lui proposait de boire un toast à la liberté de la presse :
« Il n’existe
pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez
aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes
et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On
me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous
que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue
illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge
patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des
Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des
Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et
nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de
l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! » (cité
dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY,
1955/1979)
Thierry Meyssan garde cependant quelques inimitiés dans certains milieux d'influence français, pour avoir été initialement un vecteur influençable et
anti-occidental, qui a pu être instrumentalisé contre les intérêts français,
avant les années 2000 (voir sa
fiche Wikipedia, et comprendre le rapport avec le très pragmatique Charles Pasqua).
L'histoire
montrera cependant que depuis les années 2000, et surtout depuis la crise
syrienne partir de 2011, Thierry Meyssan
aura fait beaucoup pour qu'un semblant d'honneur et de vérité demeure associé à
la France au Moyen-Orient, malgré le retournement de la France qui fut mis en
œuvre entre 2003 (l'opposition franco-germano-russe à la guerre d'Irak) et 2011,
un retournement de la France qui s'est opéré en faveur de l'OTAN et des
intérêts sionistes, grâce notamment au
Président Sarkozy...
Voyons
donc ici le propos de Thierry Meyssan au
sujet de façonnage artificiel du candidat Ted Cruz, en tant que contre-feu artificiellement
érigé face à Donald Trump :
« Les élections viennent de commencer aux États-Unis, ou plutôt les primaires :
c'est-à-dire la sélection de chacun des candidats de chacun des grands partis.
Alors notez qu'on ne vous parle que du parti Républicain ou du parti
Démocrate,, alors qu'il y a d'autres partis politiques qui sont en lice, et
dont strictement aucun des médias internationaux ne parle.
À
quoi servent ces élections ? En réalité à rien du tout puisque contrairement à
ce que l'on vous raconte, le Président des États-Unis n'est pas élu par le
peuple. Vous en doutez? Je vous invite à lire la Constitution des États-Unis: il
est élu par les Délégués des Gouverneurs, et cette différence est fondamentale
: en effet, aux États-Unis le peuple n'est pas souverain. C'était une
revendication des rédacteurs de la Constitution, vous pourrez le constater en
lisant le Fédéraliste (The Federalist
Papers) qui furent écrits à cette époque.
Vous savez que jamais le Président des États-Unis n'est
élu par le peuple, puisqu'en 2000 lorsqu'il y a eu la désignation de George
Bush junior contre Al Gore, il y avait eu un conflit entre les deux
candidats, Al Gore avait fait appel
devant la Cour Suprême de Floride, arguant du fait que si on comptabilisait
correctement les votes des électeurs de Floride, il aurait dû être élu. La Cour
Suprême a répondu, qu'elle n'avait rien à faire de savoir ce que pensaient les
électeurs de Floride, parce que la Constitution ne prévoit pas, à aucun moment,
que l'on consulte le peuple. C'est un usage qui s'est fait progressivement, qui
n'existait pas au départ, voulant que les Gouverneurs consultent leurs
habitants avant de désigner leurs délégués qui vont, eux, élire le Président.
Et il n'y a aucune obligation pour les Gouverneurs, de suivre le vote de leurs
administrés.
[dans l'élection qui nous intéresse aujourd'hui] : parmi
les candidats qui se démarquent des autres : côté Républicain, vous avez Donald Trump et Ted Cruz.
–Donald Trump: milliardaire richissime qui est
devenu une vedette de télévision, il a pour slogan qu'il va rendre l'Amérique
grande comme auparavant ["Make America Great Again"], c'est un peu
une sorte de nouveau Reagan.
–Ted Cruz, qui est [se fait passer pour] un évangélique,
propose de revenir aux valeurs fondamentales des États-Unis [image défilant de
la campagne de Ted Cruz : "défendre la Croix", "protéger les
"Dix Commandements", "se lever pour le Serment
d'Allégeance" [Pledge of allegiance],
"croyez en Ted [Cruz]" : ce sont les valeurs des WASP,
celle des Pères
Fondateurs . Pourtant lui n'est pas un WASP, c'est un enfant d'immigrés
cubain [voir notre article : « Le
sénateur Ted Cruz, un candidat en voie de désagrégation! » 14 janvier
2016].
Côté
Démocrate, vous avez :
–
Hillary Clinton,
que tout le monde connaît, et dont le slogan est simplement une Clinton pour
l'Amérique. Extrait montrant la très néfaste Madeleine Albright
: « souvenez-vous qu'il y a une place en enfer pour les femmes qui ne
s'entraident pas[1]»,
et Hillary Clinton ayant cette
réaction de rire hystérique qui est typique des pantins mondialistes...
–et
enfin vous avez Bernie
Sanders, qui est un vieux parlementaire du Vermont : le Vermont est un tout petit Etat
des États-Unis, où habitent les gens les plus riches de New York qui allaient
installer leur maison de campagne là-bas. C'est donc un marxiste de la très
haute société, et lui il propose de "croire en l'avenir" [«A future to believe in - un
avenir en lequel (on pourrait) croire»][2].
Une chose particulière [à cette campagne]
est que pour la première fois, un candidat vient de faire appel à une société
privée d'opérations psychologiques:
Les
opérations
psychologiques, c'est un secteur particulier de la Défense à l'occasion
duquel on cherche à manipuler l'adversaire pour lui faire adopter une attitude
qui va permettre de le vaincre.
Alors
de même que vous connaissez BlackWater [aujourd'hui Academi]
ou DynCorp, comme étant
des armées privées [mercenaires] des États-Unis qui agissent dans le monde
entier et qui mènent des guerres pour le compte des États-Unis, de même que là
il s'agit d'une société (privée) d'opérations
psychologiques: la plus célèbre est SCL (Strategic Communication Laboratories) Group[3], qui est installée à Londres, mais qui est
en fait approvisionnée par des capitaux américains.
Cette société d'opérations psychologiques
est intervenue dans plusieurs coups d'État, notamment au Népal. Elle est
intervenue dans la guerre en Syrie au début 2011, elle était présente au Liban,
où elle faisait des études statistiques, communauté par communauté, sur la
manière dont les Libanais allaient réagir aux événements qui étaient alors en
cours de préparation en Syrie, et sur la manière dont ils allaient réagir à
l'implication du "Courant
du Futur[4]"
dans les transferts d'armes vers les djihadistes.
La même société fut présente en Syrie de
manière très discrète, au début 2012, lorsqu'a eu lieu la tentative de
d'organisation d'une grande opération psychologique : il s'agissait de
couper les satellites Nilesat et Arabsat, coupant ainsi la télévision syrienne
pour la remplacer par une fausse télévision syrienne qui aurait annoncé la
chute du régime et la fuite de ses dirigeants, etc.[5]
Donc ce Groupe SCL, a pris en charge la
candidature de Ted Cruz, un personnage assez falot, et a décidé non pas
simplement de fabriquer l'image du candidat, comme le font maintenant un grand
nombre de sociétés de "Relations Publiques" [on parle de Spin Doctors / doreurs
d'images], mais de fabriquer
un parti politique en quelques semaines,
et ils s'y sont arrivés.
Alors
comment ont-ils fait ? Et bien de
manière totalement illégale, en utilisant des montages de sociétés imbriquées
les unes dans les autres , avec des canaux passant par l'étranger: ils ont
racheté le fichier clients d'Amazon, la plus grande société de vente par
correspondance, ils ont envoyé un questionnaire à ses clients, questionnaire
officiellement anonyme supposé devoir servir à des recherches universitaires. En
fait quand on remplissait ce questionnaire, et que l'on s'identifiait en tant
qu'abonné de Facebook, la société [SCL via Amazon] récupérait la totalité des
données personnelles que vous aviez laissées sur Facebook. Ils ont également
utilisé d'autres fichiers, ils ont croisé tout ça afin de dresser des portraits psychologiques de plus de 40 millions d'électeurs
aux États-Unis, des portraits très affinés que cette société est capable de
répondre à 240 questions différentes sur chacun de ces citoyens devenus prospects
à leur insu...
De
là, ils [SCL] ont identifié des gens
facilement influençables, ils ont créé des messages spéciaux pour et ils les
ont recrutés pour faire la campagne de Ted Cruz, et pour le moment, ça marche.
Est-ce
que ça ira jusqu'au bout? je ne sais pas. Mais si cela va jusqu'au bout, cela démontrera qu'il est désormais possible,
non seulement de fabriquer l'image d'un candidat, mais aussi de lui donner un parti, d'utiliser
ce parti pour prendre le pouvoir, et que donc même dans le cas d'un pays
démocratique, les élections ne sont plus du tout un moyen qui permet au peuple
de s'exprimer
»...
[1] Voir ici
l'ironie mordante du Guardian britannique : « Albright:
'special place in hell' for women who don't support Clinton [une place spéciale en enfer pour les femmes
qui ne soutiennent pas Clinton...] » (The Guardian,
6 février 2016).
[2] Voir : « La seconde jeunesse de Bernie Sanders » (Libération, 8 février 2016).Toute analogie avec les "lendemains qui chantent" cachant les effets réels de la Révolution bolchevique, ne serait évidemment que fortuite... :-D
[3] SCL
(Strategic Communication Laboratories) Group (Wikipedia en anglais
ici, site officiel ici, page spéciale sur leur site relative aux
élections ici) : Laboratoire de recherche comportementale britannique
privée, et cabinet d'influence (lobbying), d'affaires publiques et de stratégie
de communication. Aussi connu aux États-Unis sous le nom de Cambridge
Analytica (site internet ici, page Wikipédia ici).
Ted
Cruz semble avoir utilisé la filiale Cambridge
Analytica, d'après le Guardian ici (11 décembre 2015) : « Ted
Cruz using firm that harvested data on millions of unwitting Facebook users
[Ted Cruz recourant à une firme qui moissonne les données de millions
d'utilisateurs de Facebook à leur insu] »
SCL
met en œuvre des solutions d'exploration et
d'analyse de données [EAD - data
mining et data analysis], puis oriente et cible spécifiquement
sa communication afin de toucher et "microcibler" des audiences spécifiques,
le but étant de modifier des comportements en accord avec les buts recherchés
par les clients de SCL.L'entreprise est divisée en quatre
branches : élections, sociales, commerciales, défense. La branche "élections" se décrit comme
une «agence
mondiale de gestion des élections, compétente dans l'application de
modélisation comportementale et de solutions de microciblage lors de campagnes
politiques» (site internet SCL).
[4]
« Liban
: Le Courant du futur impliqué jusqu’au cou en Syrie » (IRIB, 27 février 2013).
[5] L'exceptionnel
ouvrage de Daniel Rémy, un guerrier français de cette guerre qui ne dit pas son
nom, donnait d'autres exemples de manipulation anglo-américaino-israéliennes de
ce genre dans « Qui
veut tuer la France?
» (Jacques Grancher Editeur,
2003)...