STEVE PIECZENIK: Un KABUKI [Théâtre traditionneljaponais] de GUERRE:
Version éditée de l’entrevue accordée par Steve Pieczenik à Infowars le 7
avril 2017, au sujet de Trump, de la frappe en Syrie, dans le cadre d’un
« jeu de guerre » avec la Chine
Points évoqués par le Dr. Steve Pieczenik :
–« Kabuki [théâtre traditionnel japonais] de guerre » : Trump et son « Art d’aboutir à un accord [Art of the
Deal] » : le “Doc“ [Pieczenik] décrit la scène de théâtre dramatique
derrière l’attaque américaine en Syrie, et les épiphanies [compréhensions soudaines] des
Présidents chinois Xi et coréen Kim Jong-Un : « Wouah ! Que s’est-il donc passé durant mon dîner appréciable avec
Trump ? »
–
La Chine
“vache sacrée“ !!!
–
En tout état
de cause, j’espère que les néoconservateurs ne vont pas tenter de faire
escalader la situation vers davantage de tension.
–
« Nous, le Peuple [We the People] » ne
voulons plus d’[attentats sous] Faux Drapeaux.
Produit par INFOWARS, Dr. Steve
Pieczenik & Dr. Colette Dowell pour CIRCULAR TIMES (chaîne YouTube
d’événements historiques, de nouvelles informatives et éducationnelles, libre
de droits à condition de citer la source). Traduction et analyse additionnelle
par Jean-Maxime Corneille pour Chroniques de la Vieille République (CVR,
traduction du bloc de Steve Pieczenik).
Présentation brève de
Pieczenik par David Knight : Il est devenu célèbre juste avant les élections, pour
nous expliquer ce qui allait se passer : c’est un coup d’état contre les
mondialistes.
À présent je lui demande [à
Pieczenik] s’il n’y aurait pas une sorte
de « contre-Coup d’État » en cours à la Maison-Blanche [de la part de
l’État Profond contre Donald Trump[1]], que pensez-vous de la situation ?
Steve Pieczenik : Il est important de comprendre deux éléments :
1 : Afin de rafraîchir votre mémoire
et celle de votre audience, j’ai été impliqué dans [les débuts de cette affaire
syrienne] dans le cadre de notre Renseignement Militaire, il y a quelques neuf
années de cela, juste avant la guerre civile en Syrie : lorsque je suis
allé en Syrie, et que Bachar al-Assad et ses hommes m’ont interrogé et m’ont
ensuite permis de voyager partout dans le pays durant 18 jours. Ce qu’il en est
ressorti en tant que conclusion, et dont j’en avais fait le rapport à mes
contacts du Renseignement militaire, était un point très simple : Bachar al-Assad ne partirait pas. Et
j’avais également travaillé [plus tôt] contre Hafez El-Assad, son père. Donc je
connais bien cette situation autour d’eux Hafez El-Assad depuis Bachar
al-Assad, et la communauté Alaouite qui est une communauté minoritaire en
Syrie, qui domine encore un pays à majorité sunnite. Ce qu’il s’est passé par
la suite, c’est que Bachar al-Assad n’a pas été très efficace dans la gestion
de ce qui était réellement [initialement] une guerre de l’eau [en Syrie] et les gens de Homs et Hama sont venus,
ils étaient sunnites, ils ont commencé à manifester contre la gestion de cette
distribution de l’eau.
Subséquemment, ce qu’il s’est passé, c’est
que notre Communauté du Renseignement, à travers la CIA et d’autres éléments de
notre appareil civil, a créé Al Qaida et l’EIIL, ce dont nous avons parlé
précédemment [dans d’autres entrevues].
Mais
le plus important était que notre appareil militaire avait compris très
clairement ce
dont il s’agissait, ce dont j’avais parlé précédemment [que Bachar al-Assad ne serait pas prêt à partir]. Et ils [le Renseignement
militaire] ont compris qu’il n’y aurait pas
d’espoir en une solution de changement de régime[2]
[dans d’autres entrevues, Pieczenik a dit et répété que jamais Bachar al-Assad n’aurait été lâché par la
Russie ni par l’Iran, ni même par la Chine].
Ayant dit cela, je comprends ce qu’il se
passe au sujet du général McMaster [nouveau Conseiller à la Sécurité Nationale du Président Donald Trump, nommé le 20 février
2017[3]],
et aussi au sujet du Général Mattis [Sec.Def.].
Et
je pense que la chose importante dont il faut se rappeler, chez ces deux
gentilshommes [McMaster et Mattis], et aussi quant à l’élément d’arrière-plan : le Président Trump a initié cette
frappe juste au moment où le Président chinois Xi Jinping, était littéralement
sur le pas de la porte de Mar a
Lago[4] [2e
Maison Blanche du POTUS]. Et il a fait
cela, et je crois que nos militaires ont fait, pour des raisons très
importantes :
Il s’agissait d’un message très clair à l’adresse
du Président chinois en premier lieu[5],
plus que quiconque, plus que vis-à-vis du Président Russe[6]
ou de l’EIIL. Un message qui signifie : « vous, Président Xi, vous avez
été impliqués dans des violences durant la Révolution culturelle chinoise, vous
n’aimez pas la violence, nous n’aimons pas la violence, MAIS : si vous avez une quelconque question à
résoudre quant à la résolution du Président, cad. Trump, par opposition
à la résolution de Obama précédemment ou de qui que ce soit d’autre, comme par
exemple résoudre, laissez-moi vous rassurer [par le fait] que je vais
ordonner un une frappe contre une base aérienne
(qui n’est pas aussi importante que l’on pense), et cela va être fait en votre
présence [à Mar a Lago]. » [7]
Je pense que le Président Xi Jinping a été absolument sonné par ce qu’il a vu et ce
qu’il a réalisé [compris] : ce
message, qui a été envoyé au
Président Xi Jinping, a aussi été traduit au Premier Ministre-Président-PDG
de la Corée-du-Nord Kim Jong-Un, qui a
joué ces derniers temps avec des armes nucléaires en tant qu’un moyen de créer
du levier [obtenir quelque chose] dans le cadre de négociations : notre seule négociation, assez
franchement, est à travers [/à l’adresse de] la Chine : la Chine
peut littéralement supprimer toute chose que la Corée-du-Nord pourrait vouloir
faire.
Nos
militaires ne veulent pas aller en guerre contre la Corée-du-Nord, ils ne
veulent pas lancer d’actions préemptives, ils ne veulent pas aller en guerre en
Syrie, nos militaires ne veulent pas suivre les néoconservateurs, mais malgré
le fait que certains néoconservateurs
ont fait des sorties publiques en ce sens mais ils ont été repoussés, grâce à Alex
Jones, grâce à moi-même et à d’autres : Eliott Abrams n’a pas pu surfer
sur la vague [d’hystérie belliciste], et tout un groupe d’autres qui auraient
bien voulu le faire[8].
Mais quand nous parlons de nos généraux : quand
nous parlons de McMarsters (qui a par ailleurs écrit « Dereliction of Duty [manquement au devoir]»),
quand nous parlons du général Mattis : ils ont compris très
clairement que la guerre n’est pas une solution à ce que sont réellement nos
problèmes[9].
La solution est ce que j’appelle le « Kabuki
de guerre[10] » : en d’autres
termes nous allons vous montrer ce que nous sommes capables de faire, au bon
moment et au bon endroit. Donc la soi-disant attaque syrienne, a
réellement été menée, non pas à l’adresse de la Syrie ou bien de la Russie (les
deux ont été [clairement avertis à ce sujet]) : les Russes ont compris
ceci, la Turquie a été informée et chaque pays était informé : l’Arabie
Saoudite, Israël et même le Président syrien Bachar al-Assad l’a compris. Mais
le seul pays qui n’en ont pas été informé, ce furent le chinois Xi Jinping et
le nord-coréen Kim Jung Un.
Ce que cela signifie à présent, c’est que
la matrice des négociations avec le Président chinois et de Corée-du-Nord, a
soudainement glissé à notre avantage : durant 20 ou 30 ans j’ai été
impliqué avec la Corée-du-Nord, et très franchement ça a été frustrant : j’ai
été restreint dans mes capacités à mener à un changement de régime, parce que
je savais exactement comment mettre à
bas la Corée-du-Nord : la plus grande peur que la Chine a, et cela a
aussi été une peur pour les États-Unis durant les 30 dernières années, mais ce n’est
pas du tout ma peur, c’est le fait que
nous pourrions littéralement déstabiliser les frontières de la Corée-du-Nord :
nous pourrions le faire militairement, nous pourrions le faire économiquement,
nous pourrions le faire politiquement.
Ce que Trump a donc fait, et ce que les
généraux à sa suite ont fait, c’est de dire : « regardez, nous n’allons pas nous
lancer dans des affaires consistant à attaquer la Corée-du-Nord, nous n’allons
pas nous lancer dans des affaires visant à déstabiliser vos frontières, mais si
vous ne changez pas votre comportement, nous pouvons vous assurer que nous
avons la puissance de volonté pour faire quoi que ce soit qui pourrait être
nécessaire, afin d’inculquer et d’exécuter toute action dont nous pourrions
avoir besoin ».
Donc en effet : tout ce scénario n’a
jamais vraiment été réalisé pour [à l’adresse de] la Syrie ou du Moyen-Orient : nous ne sommes
pas [en fait « nous ne sommes plus »]
intéressés dans les affaires moyen-orientales, assez franchement nous [les États-Unis] sommes en train de
disparaître du Moyen-Orient, quand bien même nous envoyons quelques soldats
pour en finir le travail arak à Raqqa et Mossoul. Mais pour la plus grande
partie, nous avons glissé [fait glisser nos préoccupations stratégiques] vers
l’Asie et la Chine du Sud : c’est en fait ce que j’ai écrit il
y a déjà 20 ans au sujet de l’archipel des Spartley[11].
Et d’une certaine manière, nous avons à
regarder tout ceci comme une façon
intelligente [Realpolitik] d’orienter
les débats et la façon dont un arrangement peut être atteint. En
d’autres termes, tout le monde avait les yeux braqués sur la Syrie, tandis que
dans le même temps je regardai Kim Jong-Un et Xi Jing-Ping.
À présent quant au Président chinois Xi
Jing-Ping :
il n’est pas si intelligent que cela : il n’est pas un seigneur de guerre, il
est un gentilhomme qui a perdu son père par humiliation de Mao Tsé toung, et
qui comprend ce qu’est le combat, il comprend ce que signifie le fait d’être
battu [au sens : bastonné] : il
comprend que nous pouvons ruiner l’économie à volonté[12],
que nous pouvons détruire leurs capacités en termes de ressources en eau en
ciblant ses infrastructures, mais il ne veut pas ça.
De leur côté, les Chinois ont maintenu leur complexe de l’empire du Milieu, ce
qui signifie que « nous ne pouvons
rien faire de mal » [en Chine], et vous [à l’extérieur] êtes les
paysans [ou les barbares], les “Guówài“ [étrangers], qui doivent venir à
nous.
Or ce que le Président Trump a fait, c’est
qu’il a retourné la table [des négociations], psychologiquement, en disant
: « vous savez quoi ? À présent nous allons négocier, et
laissez-moi comprendre ce que vous avez compris au terme de mon action ».
Et il a fait cela [à l’occasion de la
réception du Président Xi JinPing à Mar o Lago], sous la forme d’un scénario qui est totalement inapproprié
en tant que scénario de guerre : c’était un beau banquet avec des
belles femmes et du vin et tout ce qui peut être servi aux riches. Mais dans le
même temps le point été marqué [par les États-Unis], et le Président Xi Jinping
l’a compris très vite, de même que tous ses généraux [chinois] : il ne
s’agissait pas uniquement d’un moment pour jouer avec ce Président [Trump] ou
ce pays [les États-Unis][13].
[question de David Knight au sujet de
Tillerson et de ses déclarations quant aux possibilités d’un changement de
régime en Syrie[14] :]
SP :je ne le connais pas
particulièrement [Tillerson], je sais qu’il a été recommandé par James Baker [III, pour lequel a
travaillé Pieczenik] et Condolleza Rice [connexion
pétrolière]. Je pense que M. Tillerson est
assez intelligent pour savoir qu’il n’a jamais été impliqué dans les affaires
de changement de régime, mais qu’il a été impliqué avant tout dans les
relations d’affaires [Business to
Business – BtoB].
Je pense qu’il a joué à fond l’orchestration,
faisant comme si nous étions réellement en train de penser à un changement de
régime [en Syrie], mais en fait que nous ne sommes pas dans cette
optique/intention : il n’y a
personne au sein de cette Administration qui a en fait mené [sur le terrain] des
changements de régime. Je n’en connais aucun qui ai été impliqué dans ce
genre d’affaire de changement de régime. Ce
n’est pas une administration comme celle-là qui pourrait s’engager dans des
changements de régime. Et [même] un
changement de régime ne signifie pas que vous pouvez aller en guerre et vous
débarrassez d’un Bachar al-Assad[15] :
cela ne va simplement pas se passer. Parce qu’il [Bachar al-Assad] contrôle
premièrement 60 à 70 % du pays, il y a une zone qui s’appelle Lattaquié, et si
vous avez été dans cette zone comme je l’ai été [par le passé] : ce n’est pas
uniquement que les femmes sont belles mais il y a des panneaux partout dans la
zone qui disent : « ne portez pas de foulard [islamique] » [comprendre :
extrémisme musulman/wahhabite interdit][16].
Et
en ce sens la zone alaouite est sûre, et Assad va rester en place jusqu’à ce
qu’il existe une sorte d’agrément/accord tripartite [ou multilatéral] impliquant la Russie, la Turquie, l’Iran et
nous-mêmes [les États-Unis], afin de changer littéralement le gouvernement en
place, et la Syrie elle-même peut le faire pacifiquement aussi longtemps que
nous pouvons faire des réparations, et alors la Turquie, malgré Erdogan…
David Knight : Donc vos
commentaires au sujet de la Syrie et au sujet de ce que vous voyez se passer
dans la Maison-Blanche de Trump, la révolution des politiques qui y sont
conçues…
SP [récapitule] : premièrement, en Syrie il n’y aura pas de changement de régime. Quand nous annonçons un “changement de régime“, cela signifie que
nous ne pouvons pas le faire. Quand j’ai été impliqué dans le
changement de régime en Union soviétique, ils les soviétiques] ne savaient pas
ce qui était en train de se passer, cela se déroulait sous les Administrations
Nixon et Reagan, nous les avons mis à bas
de façon tout à fait calme et discrète.
Ce qu’il se passe au sein de la
Maison-Blanche, c’est que le général
McMaster (j’ai travaillé avec lui sur la série des Tom Clancy) est un guerrier
chercheur [scholar warrior] sérieux,
et il a compris tout de suite que Steve
Bannon n’était pas
[assez] discret et capable de traiter sur des problèmes de stratégie et
tactique.
Il [Steve Bannon] a été dans la Marine et j’ai un plein respect pour ce qu’il y
a fait, mais les enjeux de sécurité
nationale étaient excessivement importants et doivent appartenir en tant que
tels, sui generis [ici : “par
nature“], à lui
[McMasters][17].
Un autre élément que McMaster a fait, et
ça n’a pas été très couvert [par la presse], c’est une femme nommée McFarland[18]
qui a été également viré. Or ce que j’en sais, je connaissais son existence
(même si je ne la connaissais pas personnellement) depuis l’Administration
Nixon : ce n’était pas une grande
analyste et n’était pas bien considérée, et McMaster a agi à bon droit en la
déchargeant de ses fonctions.
Donc en fait, ce que McMaster est en train
de faire, c’est de solidifier sa base et d’amener au Gouvernement des
opérationnels professionnels. Une dernière personne qui devrait par
exemple être virée, ce serait un gentilhomme nommé Ezra Cohen-Watnick² : un ami de Jared Kushner, qui n’a aucune expérience en quoi que ce soit, un
gars juif qui a été diplômé d’une université de Pennsylvanie et qui est à
présent à la tête du Renseignement [Senior Director for Intelligence au Conseil
de Sécurité Nationale] : ceci n’est
simplement pas acceptable. J’ai
travaillé avec et contre la CIA mais j’ai un respect pour la l’histoire de la
CIA et celle de notre Communauté du Renseignement (17 unités différentes), mais
cet homme [Ezra] Cohen[-Watnick] n’a aucune expérience pas plus que Jared
Kushner, et ces individus ne devraient pas être impliqués dans des affaires
étrangères, ou laissés seuls avec des enjeux domestiques. Je connais Jared Kushner et son building au n°666
de la 5e Avenue [New-York] : il est en banqueroute et donc je
pense que son temps devrait être passé à trouver une hypothèque sur son
building, et non pas à la Maison-Blanche.
C’est mon opinion[19].
Pourtant, je suis totalement favorable à
ce que McMaster a fait, je regarde
favorablement le fait que Bannon soit relégué à un rôle secondaire, afin de
contrôler son narcissisme et il le sait, c’est ce que fait Trump [à l’encontre
de Bannon].
Trump doit le faire, mais il doit surtout
se concentrer sur ses accomplissements à venir : nous
sommes toujours en attente d’un projet d’infrastructure [de remise à niveau des
infrastructures intérieures américaines] à 1000 milliards de dollars[20] ;
je n’ai pas été impressionné par la loi médicale qui a [laborieusement] été
poussée [au Congrès], aucun membre du parti Républicain ne m’a impressionné,
incluant Rand Paul, parce que
personne n’avait lu ladite loi, et personne n’a compris de quoi il s’agissait
réellement[21].
DN : et [pour les électeurs de Trump
déçus par toute cette histoire de frappe en Syrie, après cet échec législatif] comment
vous adresseriez-vous à la base
électorale de Trump mécontente ?
SP : c’est ce que je suis en train de
faire en ce moment même dans votre émission : ce que je dis c’est « voyons
voir ce qu’il va se passer ». Pour faire simple, il
[cette frappe en Syrie] ne s’agit pas de l’initiation d’une guerre, et la
raison en est très simple : je n’ai rien à faire de Eliott Abrams, je l’ai connu,
je les ai stoppés [les néoconservateurs] dans leur élan [tentative de retour au
sein de l’Administration de Trump, j’ai aussi stoppé John Bolton [et les autres néoconservateurs][22].
Objectivement, sur ces deux-là [Eliott
Abrams, John Bolton] que j’ai connus au gré de quatre Administrations
différentes : ils ont évité le service militaire, ils ne peuvent [veulent]
pas servir nos militaires. Eliott Abrams vient de l’aile
gauche, une famille trotskiste[23] ;
John Bolton a admis qu’il ne voulait pas aller en guerre parce que il pourrait
être tué dans les rizières, dont je ne les prend pas au sérieux : ils
sont la deuxième ligne de défense [seconds couteaux] des horreurs perpétrées
par les néoconservateurs [implicitement : le 11 Septembre 2001]. Ils
n’ont rien de pertinent, pas plus qu’Hillary ou aucun autre Démocrate.
Ce
qui est pertinent,
c’est ce que vous commencez à voir et non pas nécessairement ici. Et ce
que Trump est en train de faire, c’est de réunir les conditions pour une
négociation dans les règles de l’art : vous devez revenir à son
lire (« The Art of the
Deal »)
pour comprendre tout ceci. Il comprend que beaucoup de choses
qu’il va devoir faire, ne peuvent pas être expliquées [en temps réel] au public,
alors « je vais frapper la Syrie
afin d’impressionner la Chine, et afin que la Chine impressionne la
Corée-du-Nord », et je ne pense pas que la plus grande partie de la Presse comprendra ceci. Je pense que
votre audience comprendra, je pense que vous comprenez vous-même [David Knight]
tout comme Alex Jones, mais si d’une façon ou d’une autre il
était un « faucon de guerre » [belliciste], je serais le premier à
prendre position contre lui, à vos côtés et avec la base entière [des électeurs
de Trump].
Mais il y a un point particulier ici : nous avons un
axiome au sein de la communauté du renseignement, qui signifie que « il
n’y a pas d’accident » [si quelque chose arrive, c’est que ça
a été prévu] : quand vous voyez le président chinois Xi Jin-ping s’assoir
littéralement à côté de Trump, tandis que au même moment une frappe aérienne en
Syrie, elle n’est pas relative à la Syrie, mais elle est plutôt relative à ce
président de la Chine.
Parce
que la Chine est notre préoccupation primaire pour les 20 années à venir, alors qu’en fait, nous nous désengageant du
Moyen-Orient, par la grâce de gens comme Eliott
Abrams, Hillary Clinton,
les Obama et les Bush Jr qui nous ont amené dans cette galère. Trump donc va tenter de nous sortir de
cette galère, et nos militaires vont vouloir faire pareil avec lui : pas
nécessairement notre CIA mais nos militaires vont nous sortir de cette galère,
et faire glisser nos préoccupations vers la mer de Chine du Sud.
Et c’est pour cela que je dis à notre
audience : si j’ai tort, je vais être surpris mais je vais admettre que j’avais
tort. Mais à ce point-là, je ne crois pas que j’aie tort, je ne pense
en aucun cas que ce que Trump a fait représentait un acte de guerre actif [avec
une intention de guerre de haute intensité] : il s’agit plutôt d’un symbole,
celui d’une frappe et d’un avertissement de type « guerre Kabuki »
face à l’Asie : « ceci pourrait se passer en Asie, si vous ne
prêtez pas attention et si vous ne prenez pas compte de certaines de nos
préoccupations » : la Corée-du-Nord est une menace plus grande aujourd’hui
qu’il y a 20 ans, et j’ai travaillé contre les Coréens du Nord, j’ai
travaillé contre le grand-père de Kim Jung Un, contre son père et à présent
contre lui. Et si je me voyais donner la pleine autorité afin de démonter [take apart] la Corée-du-Nord, nos
militaires savent ce dont j’ai été capable de faire [en termes d’opération psychologique et de “guerre
spéciale“], les Coréens et les Chinois le savent aussi.
[Pour exemple] Je suis allé en Chine il y
a quelques années : ils m’ont demandé si j’allais tenter de les mettre à bas,
j’ai dit non : je ne suis pas actuellement dans les affaires de changement de
régime ; bien sûr ils savaient qu’il s’agissait d’un mensonge[24].
J’aurais pu facilement travailler dans
des affaires consistant à mettre la Chine communiste à bas, parce qu’ils ont
des problèmes d’eau, infrastructure et de communisme capitalisme, toute une
gamme de problèmes culturels en conflit, sont faciles à manipuler à l’époque
moderne.
Mais à présent, pour l’instant, prêtez attention à
ce qui n’est pas dit et ce en quoi consiste l’art de négocier [« The art of the Deal », référence au
livre de Trump] consiste, car c’est ce dont
il s’agit avec Trump. Les autres personnes de la Maison-Blanche, c’est
presque secondaire. Quand vous entendez le bruit/son, ce n’est pas là que doit être
cherché le bang/départ de coup : le départ de coup, c’est là que vous
n’entendez pas le son[25]…
DN : donc ce que vous voulez dire,
c’est que dans cet « art de négocier », il s’est agi avant tout d’un
message à la Chine, en tout cas de votre point de vue. Une
perspective très intéressante et nous vous remercions…
SP : merci David et remerciez votre
audience…
[1] Sur
l’Etat Profond, lire Peter
Dale Scott, « L'État
profond américain » (Editions Demi-lune, 2015) ; également le
nouveau livre de Thierry mais sans : « Sous
nos yeux : l'effroyable imposture des « Printemps Arabes - du 11 septembre
[2001] à Donald Trump » (Editions Demi-lune, 2017).
[2] Dans
d’autres entrevues,
[3] « États-Unis.
Qui est le général McMaster, nouveau conseiller à la sécurité
nationale ? » (Courrier international,
21/02/2017) ; « Qui
est le général McMaster, nouveau conseiller à la sécurité nationale des
Etats-Unis ? » (France Info TV, 21/02/2017). Sur la
frappe en Syrie, voir aussi : « General
McMaster Ties Himself into a Pretzel Trying to Explain Syrian Strategy »
(Zerohedge, 9 avril 2017).
[4] « Le
Président chinois reçu par Donald Trump les 6 et 7 avril » (Le Parisien, 30 mars 2017) ; « Pourquoi
Mar-a-Lago, l'autre Maison-Blanche de Donald Trump, pose problème »
(Europe 1, 5 avril 2017) ; « Trump
promet une «très bonne relation» au président chinois » (La Presse
[Canada] 6
avril) ; « Donald
Trump and Xi Jinping Aim to Air, Not Resolve, Issues at Mar-a-Lago Summit,
White House Says - Trump seeks to ‘break the ice with Xi Jinping’ at his
Florida estate, officials say » (NYT ? 4-4-17).
[6] Au
risque de mettre à mal les relations americano-russes… : « U.S.
Officials Fault Moscow on Syria Ahead of Tillerson Visit - Secretary of State
expected to confront Russians on several thorny issues, including alleged
election meddling » (NYT, 9 avril 2017).
[7] Déceler
les stratégies d'influence dans ses différentes publications américaines :
« Trump-Xi
summit overshadowed by US strike on Syria » (Trump
warns Xi that US prepared to act alone on North Korea » (Financial Times, 8 avril 2017) ; Ici le
Japan Times (7 avril 2017) : « Airstrike
in Syria Overshadows Meeting Between Trump and Xi » ; analyse
bien bien vue ici : « Trump's 'cordial' meeting with Xi
overshadowed by US Syria strike » (American Thinker, 7 avril 2017)…
[8]Déceler
ici l'activisme “non neutre“ du NYT : « Syria
Attack Throws U.S.-China Summit Off Balance - Missile strike overshadows the
Trump-Xi summit in Florida and sharpens focus on North Korea » (NYT,
7-4-17).
[9]
Idem :« U.S.
Sends Aircraft Carrier Group Toward Korean Peninsula - Show of force amid speculation that North
Korea may try another weapons test in coming days » (NYT, 9 avril
2017) ; « Syria attack is Trump’s way of saying to North Korea: 'When
I make a threat, I am serious' » (CNBC, 7-4-17) : Trump a voulu
frapper du poing
sur la table afin de se différencier d'Obama.
[10] « Kabuki of war » : le Kabuki étant une forme de théâtre traditionnel japonais. Voir « Le théâtre Kabuki » (UNESCO).
[11] « WORLD WAR III FEARS : Kim Jong-un declares he’s on ‘the brink of a
war’ with US as Donald Trump is urged to assassinate North Korean despot - North
Korea warned it is ready to deliver the "most ruthless blow", as a
major US naval exercise ramps up tensions in the region » (The Sun, 7 Avril 2017).
[12]
Voir les articles notamment de William Engdahl à ce sujet, notamment : «Le Talon
d'Achille de la Chine est sa chance en or » (14 Octobre, 2015).
[13] « Dinner-time
airstrike leaves China having to reassess Trump » (The Guardian, 7 avril 2017).
[14] « Tillerson
opens foor to Syria regime change » (CBS News, 6-4-17). Rappel : situation juste avant : « US signals openness to Assad staying
put » (CNN, 31 mars
2017) ; « U.S. Priority on Syria No Longer Focused on
'Getting Assad Out': Haley »
(US News, 30 mars 2017).
[15]« Tillerson opens door to Syria regime
change » (CBS News, 6 avril 2017) ; « Tillerson:
‘Steps Are Under Way’ to Remove Assad From Power in Syria »
(Breitbart, 6 avril
2017).
[16] « Major
Policy Shift : Secretary of State Tillerson Says Assad Can no longer govern »
(Townhall, 6 avril 2017).
[17]
Voir : « Qui
a viré Steve Bannon du Conseil national de sécurité ? » (Libération, 6 avril 2017).
[18] « Trump
removes McFarland from national security role – Latest White House shake-up
shows growing influence of McMaster » (FT, 9-4-17).
[19] Sur les
« fuites » à Devin Nunes :
« Ezra
Cohen-Watnick: 5 Fast Facts You Need to Know » (Heavy, 30-3-17) ;
« 2
white house officials helped give nunes intelligence reports [les deux
officiels de la Maison-Blanche qui ont aidé à donner des rapports du
renseignement à Devin Nunes]» (NYT, 30-3-17) : Ezra Cohen-Watnick et
Michael Ellis ; « All
That White House Drama Might Be Sexy, But It's Beside The Point »
(NPR, 6-4-17) ; « Meet
Ezra Cohen-Watnick, the 30-year-old Jewish Trump Aide at the Heart of the
Wiretapping Scandal » : proche de Bannon et Kushner, Ezra
Cohen-Watnick est connu pour tenir des vues bellicistes contre l’Iran, et il
est dit être l’une des [deux] sources qui ont fait fuite et de l’information
vers Nunes » (Haaretez, 2-4-17). « Jared
Kushner is now tasked with solving the opioid crisis as well as Middle East
peace - An expert isn’t sure the plan adds up » (Vox, 28-3-17) ;
« Jared
Kushner and the White-Haired Mystic Whose Dad ‘Got a Ride’ From a Dead
Sage » (Forward, 29-1-17).
[20] Voir
William Engdahl : « La
superpuissance états-unienne est en état de délabrement interne » (22 mars 2017).
[21] Sur ce
fiasco, voir : « Le
gros bobo de Trump ! (échec à abroger/remplacer l'Obamacare) »
(Pieczneik/CVR, 28 mars 2017).
[22]
Plusieurs articles précédents de Pieczenik : « Keep John
Bolton OUT! He is a NEOCon! » (February
19 février 2017) No NeoCons Mr
Trump! » (16
décembre 2016) ; « DCI John
Brennan is a Muslim Convert! » (16
janvier 2017).
[23]
Rappr : « La génération soit 68 au service de la mondialisation : la grande
trahison » (Morad el
Hattab, Philippe Jumel, Roger Bensadoun, Édit : Biblieurope D. Reinharc, 2008).
[24] Pas
absurde : les dessous du « précédent » de Tian'anmen
sont notamment racontés dans « Full
Spectrum Dominance » (William Engdahl, 2008, à traduire en français).
Rappeler également que les différentes révolutions à coloration communiste,
ayant abouti finalement sur la victoire de Mao Tsé toung, ont eu des causes qui
sont à chercher dans l'internationalisme financier anglo-américain (basé à la
City de Londres et à Wall Street, New York), bien plus que dans des dynamiques
restrictivement chinoises…
[25]
Métaphore militaire tout à fait applicable au monde de l'information, des
médias comme du Renseignement : un projectile supersonique arrive sur son
objectif avant même que le son du départ de coup ne soit entendu, seul le bang
ou le “clac“ supersonique est entendu, le bruit du départ de coup ne venant
qu’ensuite, donc trop tard pour repérer le départ de coup. Il s'agit donc ici de comprendre l'intention sous-jacente, avant de
n'en juger que les conséquences médiatiques.