La Turquie et les États-Unis aident leurs amis!
Quand les amis aident les amis : le Président
turc Erdogan voyage dans les Etats sunnites afin de résoudre les
conflits !
Nous voyons très rarement un allié
quitter la tranquillité de ses bases pour aller aider la politique étrangère
américaine. Le Président turc Tayip Erdogan
se rentent en voyage en Arabie Saoudite, au Koweït et au Qatar afin de résoudre
un problème très gluant.
Comme nous le savons, l’Arabie
Saoudite, l’Égypte, les EAU et le Koweït ont placé le petit pays du Qatar sous
embargo. La raison ostensible, fut que les Qataris ont ouvert leur pays à des
gens peu fréquentables comme des terroristes, des bandits et les hors-la-loi. Durant la dernière visite de Trump en
Arabie Saoudite, il leur a demandé d’assister les États-Unis afin de stopper
tous les types de terrorisme au Moyen-Orient. Le résultat en a été cet
imbroglio avec le Qatar ! [1]
La famille Al Thani qui a fondé le Qatar[2], croit que tous les
types de terroristes les hors-la-loi musulmans devaient être bienvenus dans
leur pays. À
n’importe quel moment, on peut en effet trouver un membre du Hezbollah ou du
Hamas se promenant dans les rues élégantes de Doha, l’une des plus riches
capitales de ce riche pays du Moyen-Orient riche en gaz
Le dirigeant présent du Qatar, le Cheikh Tamim ben
Hamad al-Thani, a conquis le pouvoir appartenant auparavant à son père à
l’occasion d’une transition pacifique[3].
Comme son père, il fut instruit à la Sherborne School dans le Dorset, en
Angleterre. Il fut ensuite formé à l’académie militaire britannique Sandhurst,
la West Point britannique.
Nous parlons donc d’un petit groupe d’élite (300 000 habitants)
exportant du pétrole, du gaz et de l’hélium (utilisé pour le refroidissement
des semi-conducteurs[4]).
Ils possèdent également la fameuse ou infamante chaîne de télévision Al-Jazira[5].
L’Arabie
Saoudite et des autres nations sunnites autour du Qatar l’ont donc frappé d’embargo
sur toutes les importations de nourriture et les exportations de gaz de
pétrole, afin d’essayer de modifier le comportement du Qatar, consistant à
accepter les terroristes sunnites et chiites du Moyen-Orient à travers ses
frontières[6].
Malgré la vaillante tentative du
Secrétaire d’État Rex Tillerson, en vue de la négociation d’un traité de paix
parmi ces nations sunnites, il lui fut répondu par les Arabes de rentrer
chez lui et de s’occuper de ses propres affaires. Plus important, le
Qatar et le Koweït ont annoncé que cette énigme était un problème musulman qui
devait être résolu à l’intérieur du conclave des nations musulmanes, sans
interférence extérieure[7].
Erdogan, un musulman sunnite, tente donc
à présent un effort hardi afin de résoudre afin de résoudre cette embarrassement
au Moyen-Orient, avant qu’il ne parte en vrille jusqu’à devenir complètement
hors de contrôle. Pour être tout à fait juste avec Tillerson, dont l’emploi
précédent en tant que PDG d’Exxon Mobil lui a donné plus d’une ample
opportunité pour résoudre ce genre de “disputes mineures“, Rex a été
littéralement aveuglé/pris de court par les encouragements de son “boss“ [Chef - Trump] en faveur des
soi-disant initiatives contre-terroristes de l’Arabie Saoudite[8].
Pour rappel des précédents, la
Turquie a toujours été à l’avant-poste de l’histoire du Moyen-Orient depuis
plus de 800 ans. L’empire ottoman a duré depuis le XIIIe siècle jusqu’au 1er
novembre 1922, lorsqu’il fut dissous par la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, Erdogan
a assumé les impératifs historiques des Turcs le conduisant à faire office de
médiateur dans les conflits majeurs impliquant des disputes entre musulmans sunnites
et chiites[9].
Tant la Turquie que le Qatar ont d’excellentes
relations avec l’Iran et Israël[10]. Je
souhaite remercier Erdogan au nom de l’Amérique, pour le fin travail qu’il
effectue en ce moment même en matière de politique étrangère. Nous pouvons
espérer qu’il soit moins restrictif lorsqu’il sera retourné chez lui[11].
Le fameux dirigeant séculier (like) turc
Moustapha Kemal Atatürk, écrivit les mots suivants [après la Première Guerre
mondiale] :
The famous secular Turkish leader,
Mustafa, Kemal Ataturk, wrote the following:
« Après avoir perdu les vies de
vos fils (britanniques) sur cette terre (turc), ils sont également devenus
nos fils»[12].
[1] NDT :
Il est bien sûr de notoriété publique que l'Arabie Saoudite aussi a un rôle
important dans l'essor du terrorisme au Moyen-Orient, ceci depuis sa création
par les Britanniques qui s'étaient appuyés sur les wahhabites (Xavier de
Hauteclocque, « le turban vert », 1931, réédition Energéïa, 2013). Ne
pas perdre de vue que Pieczenik ne dit parfois qu’une partie de la vérité pour
des raisons pas toujours évidentes à la première lecture…
[2] NDT :
rappelons que le Qatar fut avant tout
historiquement une création britannique, par opposition à l'Arabie Saoudite,
initialement création britannique, mais qui fut récupérée à la suite du pacte
du Quincy (1945) en tant qu'État protégé des États-Unis. Dès lors, derrière ce
ciblage du Qatar, doit être compris un ciblage du terrorisme tel que traité (au
sens du Renseignement [des sources et autres espions ou opérationnels divers y
compris terroristes, travaillant sous la supervision d'un Officier Traitant])
et manipulé par les Britanniques… C'est
un indice ici d'une modification structurelle du Moyen-Orient, avec à la clé la
négociation du lâchage des terroristes (EIIL) qui étaient traités auparavant
conjointement par les États-Unis d'Amérique et les Britanniques, mais selon une
expertise historiquement britannique et non pas américaine.
[3] Sur les réelles raisons de cette révolution
de palais survenu en juin 2013, voir « Sous
nos yeux » de Thierry Meyssan (Editions Demi-Lune, 2016). À cette
occasion, le Qatar est passé d’une influence française temporaire à une
influence américaine, en fait anglo-américaine… Et surtout, parallèlement au
désengagement de la France dans les opérations anglo-américaines-israéliennes
en Syrie, l'énorme manne du gaz (auparavant sagement thésaurisée par le Qatar
de son père le Cheikh Hamad
ben Khalifa Al Thani), fut rendue disponible pour toute une gamme d'opérations
licencieuses voire noires, comme le financement du terrorisme dans toute la
zone d'instabilité allant du Sahel jusqu'au Moyen-Orient avec le soi-disant “État
Islamique en Irak et au Levant“ [EIIL].
[4] « Qatar
becomes global leader in helium exports » (IFP-info.com, 14 dec. 2013) ;
« Helium
production in the world – The United States, Qatar, and only a few other
countries are producing the entire global supply of helium. » (Al
Jazira, 26 Jul 2017) ; « How
the Qatar Crisis Shook Up the World's Supply of Helium - The country provides
25 percent of helium used on Earth » (The Atlantic, 8 juil 2017) ;
« Qatar
blockade hits helium supply » (Nature,
4 juil. 17) « Qatar closes helium plants amid rift with
Arab powers » (13 juin 17).
[5] Voir
également Éric
Laurent : « La guerre des Bush » (Plon, 2003),
sur le rôle interlope du Qatar derrière la très bien informée Aljazeera. Ici en
entrevue à l’émission de Thierry Ardisson : « Tout le monde en parle »
[émission du 25 Janvier 2003] :
[6] NDT :
Il y à tout lieu de penser que ce fut sur ordre américain, que l'Arabie
Saoudite et les autres Etats du Golfe ont ainsi agi...
[7]
NDT : Il faut bien comprendre le Storytelling ici : on n'a jamais vu
un État du Golfe répondre ce genre de chose aux États-Unis… sans y être
indirectement autorisé. Il y a quelque chose de plus subtil ici, consistant à
ne pas faire apparaître les États-Unis comme donneur d'ordre ici, enjoignant
directement l'Arabie Saoudite puis le Qatar (via l'Arabie Saoudite) de cesser
son soutien au terrorisme. Car par parallélisme des formes et des procédures,
ceci correspondrait à une reconnaissance implicite du fait qu'antérieurement, les
États-Unis manipulés directement le terrorisme y compris l’EIIL : spécialement
sous l'ère Clinton-Bush-Obama et selon des modalités largement dénoncées par
Pieczenik ainsi que bien d'autres partent patriotes américains au sein de l'appareil
d'État américain, du Renseignement et de l'Armée.
[8]NDT :
Allusion aux récents voyages de Trump en Arabie Saoudite, dont Pieczenik a
parlé uniquement dans ses entrevues télévisuelles. La soi-disant coalition antiterroriste
sous commandement saoudien était auparavant une pure pantalonnade, si l’on sait
que c'était bien l’Arabie Saoudite aux côtés du Qatar et de la Turquie, qui
étaient les principaux fauteurs de troubles Moyen-Orient avec Israël, derrière
ce qui fut pudiquement appelé l’EIIL. Confirmation indirecte ici du fait que
c'est bien Trump, qui a activé l'Arabie Saoudite, afin de peser contre le
Qatar, dans l'idée stratégique consistant à abandonner le soutien au terrorisme
via l’EIIL, et que les milieux israéliens les plus bellicistes et messianiques
vont être forcés de mettre de l'eau dans leur vin.
[9] NDT : les mots de Pieczenik
sont intéressants ici, lorsque l'on sait que la Turquie a été retournée par les
Russes, avec l'appui de l'Iran, à l'occasion d'une tentative de coup d'État
menée par la CIA (dans sa partie belliciste, pro-Hillary, opposée à Trump) le
15 juillet 2016. Voir notamment :
« Turquie. Comment la CIA a préparé et conduit son Coup d’État raté » (W. Engdahl, 11 août 2016), « Qu’est-ce que Fethullah Gülen, en tant que Mouvement? » (W. Engdahl, 9 août 2016).
« Turquie. Comment la CIA a préparé et conduit son Coup d’État raté » (W. Engdahl, 11 août 2016), « Qu’est-ce que Fethullah Gülen, en tant que Mouvement? » (W. Engdahl, 9 août 2016).
[10] Ce
point est à la fois vrai et faux, voir là encore notamment « Sous nos yeux » de Thierry Meyssan
(Editions Demi-Lune, 2016), croiser avec Pieczenik et Engdahl notamment.
[11]
Allusion là encore subtile voir schizophrénique, du fait de la défiance
d'Erdogan vis-à-vis des États-Unis depuis tentative de coup d'État du 15
juillet 2016, et le renforcement considérable de ses pouvoirs qu'il a obtenus
par une réforme de la constitution par la suite. Il est intéressant de comprendre que nous avons certainement face à
nous une recomposition du Moyen-Orient, conséquence directe du succès des armes
Russo iraniennes au soutien de la Syrie et du Hezbollah contre l’EIIL et la
faction la plus belliciste et dangereuse au sein d'Israël et chez les sionistes
et autres néoconservateurs américains : la Russie et l'Iran d'une part,
coopèrent avec les États-Unis pour retourner d'une part, la Turquie (qui était
le principal État instrumentalisé par les États-Unis au soutien de l’EIIL par
le nord de la Syrie et de l'Irak), et d'autre part pour tempérer l'Arabie
Saoudite puis amener à la raison le Qatar au sud, afin d'orchestrer la fin de l’EIIL.
[12] NDT :
comprendre ici un remerciement de Pieczenik en faveur des turcs ici pour leur
action, en remplaçant ici dans cette citation les Britanniques par les
États-Unis.