« La dangereuse tromperie
appelée la Présidence Trump. »
Par F. William Engdahl 21
Novembre 2016
Nous sommes à tout juste deux mois du
commencement formel du projet appelé la Présidence Trump. Et pourtant déjà les
espoirs et les fantaisies de la plus grande partie du monde, transforment Donald
Trump en quelque chose ou quelqu’un qu’il n’est définitivement pas. Malgré tout
cela, Donald Trump est en fait un autre projet de la part des mêmes vieux
patriarches ennuyeux, qui essayent encore et encore de créer un Nouvel Ordre Mondial
qu’ils pourraient contrôler absolument, un Nouvel Ordre Mondial auquel l’un des
proches soutiens de Trump s’est référé une fois sous le terme de “Fascisme Universel“.
Ignorons la rhétorique parfois fine de certains de ses discours, les mots ne
valent pas grand-chose. Si nous considérons plutôt l’agenda qui prend forme,
dès ces premiers jours de la nomination du Cabinet, nous pouvons alors voir que
Donald Trump endosse le même agenda de guerre et d’Empire global qu’Obama,
comme Bush avant lui, comme Bill Clinton auparavant et comme le “tuteur“ de
Clinton, George H.W. Bush encore avant lui. Il n’y a pas de bons côtés dans ce
que le monde va bientôt expérimenter avec le président Trump.
« Mesdames et Messieurs, c’est
l’heure du spectacle! » Aujourd’hui nous vous offrons Donald Trump. Il va
vous dire précisément ce que beaucoup d’autres entre vous voulez entendre[1].
Trump, l’homme de spectacle, va vous dire qu’il veut rendre l’Amérique grande à
nouveau ; Trump va vous dire qu’il veut renvoyer au moins 3 millions
d’immigrants illégaux au-delà des frontières du Rio Grande ; Trump va présenter
une loi pour déclarer les Frères Musulmans comme une organisation terroriste ;
Trump va ramener les emplois en Amérique depuis la Chine et les autres pays à
bas salaires; Trump va s’asseoir avec Poutine et travailler sur un accord afin
de calmer les choses ; Trump va envoyer aux oubliettes l’accord sur le
nucléaire avec l’Iran d’Obama…
Souvent durant sa campagne électorale, qui était plutôt une série
hollywoodienne de série “D“ plutôt qu’un honnête débat sur les idées et les
politiques, le candidat Trump a produit des déclarations qui ont résonné dans
l’esprit de la “majorité silencieuse“, qui n’est plus constituée uniquement
aujourd’hui de travailleurs aux cols bleus, mais aussi d’une classe moyenne
déclassée dont les salaires ont décru en termes réels depuis les années 1970. Et
Trump, comme un autre Président-acteur nommé précédemment, Ronald Reagan,
possède le talent de se rendre lui-même sincère quand on l’entend.
Trump est-il une Révolution
populaire ?
Nous devons à présent imaginer une seconde, que la “Patriarchie“ (ces
adorables vieux messieurs comme David Rockefeller ou George Herbert Walker
Bush, ou d’autres que nous ne nommerons pas ici…), ont été tellement submergés
par le génie politique du candidat Trump, émergeant toujours plus puissant
après chaque nouveau scandale, qu’ils ont été surpris, laissés sur place, et se
sont contentés de grogner en laissant faire.
Or la Présidence Trump a
été planifiée à la minutée en détail par eux-mêmes et leur cercles d’influences
[think tanks]. Assez simplement, [il faut comprendre que] s’ils avaient
continué leur politique représentée par Hillary Clinton (des guerres et
confrontations contre la Russie, contre la Chine, avec des révolutions colorées
déstabilisant tout dirigeant politique opposé, qu’il s’agisse de Kadhafi,
Moubarak ou même Poutine), ils ont vu qu’ils étaient en train de perdre du
pouvoir sur de grandes parties du monde, essentiellement un pouvoir
géopolitique.
Ainsi, quand un Président d’une ancienne colonie américaine relativement
petite, n’a plus peur d’attaquer ouvertement un Président américain en le
qualifiant de “fils de pute“, et
déclarant en Chine la “séparation“ de ses Philippines par rapport aux
États-Unis, quand un pays après l’autre se rapproche d’une coopération
économique et politique avec la Russie, avec la Chine et leur cohésion
économique grandissante en Eurasie, autour de leurs grands projets
d’infrastructures eurasiatique “Une Ceinture, Une Route”[2]
, il était clairement temps d’installer un Président en forme de Plan B.
Le plan B, c’est le magnat des casinos Donald Trump, équivalent à une table
rase en politique : une personne possédée par le pouvoir avec un potentiel
de chantage qui fait qu’il va pouvoir s’intégrer dans leur programme de leur
point de vue [du point de vue de la Patriarchie], un “mâle Alpha“ qui est assez
doué pour faire peur aux gens.
Si nous devions utiliser des définitions psychologiques conventionnelles,
je dirais que le mot sociopathe correspond : « un trouble de la personnalité antisociale caractérisé par un manque
d’égard pour les standards moraux et légaux d’une culture donnée ». Le
narcissisme serait un autre terme correspondant : « une extrême suffisance, avec une vision grandiose de ses propres
talents et un désir désespéré d’être admiré ». Lisez à présent sa
propre autobiographie et ses propres descriptions de ses bouffonneries passées
avec son avocat populaire et mentor, Roy Cohn, au studio 54 bien connu pour son sniffage de cocaïne, et
regardez de plus près la réelle histoire de sa vie, pas uniquement ce qu’il
élude comme constituant des « conversations
de vestiaire ["locker room talk"]
», tenues il y a onze ans avec Billy Bush[3].
Il n'est certainement pas JFK ou Charles de Gaulle, il n’est pas même
comparable…
Je déclare clairement ma conviction, et souvenez-vous en s’il vous plaît
quand les politiques de cette Présidence Trump vont se dévoiler après le 20
janvier 2017, afin de voir si mes vues se seront avérées exactes ou pas :
Donald Trump a été mis aux affaires pour préparer l’Amérique à la guerre, une
guerre que les banques de Wall Street et le complexe militaro-industriel
américain ne sont pas en position de gagner, économiquement ou industriellement
ni même autrement : géopolitiquement. Son rôle va être de repositionner des
États-Unis en leur faveur, de renverser la tendance d’une désintégration de
l’hégémonie globale américaine, afin comme Dick Cheney et Paul Wolfowitz l’avaient
énoncé dans leur rapport de septembre 2000 du Projet
pour le Nouveau Siècle Américain [Project for the New American Century
PNAC], de « Rebâtir les Défenses de l’Amérique [Rebuilding America’s Defenses] »[4].
Afin de préparer cela, une stratégie de tromperie qui va avoir pour but
fatal d’affaiblir les liens profonds se développant entre la Russie et la
Chine, sera une priorité. Elle a déjà commencé. Nous avons eu un appel amical
du “Donald“ à Vladimir le Terrible à Moscou. Les médias russes sont euphoriques
au sujet de cette nouvelle ère des relations americano-russes après Obama. Et
tout d’un coup nous entendons le chef fauteur de guerre de l’OTAN, Stoltenberg,
qui ronronne des mots doux à la Russie. Flotte également l’idée que le Membre
du Congrès de Californie et connaissance de Poutine, Dana Rohrabacher, serait pressenti en tant que possible Secrétaire d’État.
Il s’agit là d’une classique géopolitique d’Equilibre des Pouvoir « à la Kissinger » (le fait de
s’allier avec le plus faible des deux ennemis mortels, la Russie, afin d’isoler
le plus fort, la Chine). Nous pouvons
tout de même présumer que Vladimir Poutine ne sera pas si naïf ou stupide pour
tomber dans le piège, mais voilà l’intrigue qui est ourdie par les
manipulateurs de Trump. Une telle stratégie de prévention d’une coopération
russo-chinoise grandissante, a été appelée urgemment par Zbigniew Brzezinski
dans ses déclarations de l’été dernier.
Parce qu’il a été sélectionné (et pas par nous, chers votants) pour jouer
un rôle défini (pour changer
de tactique[5]
dans la domination mondiale, d’après les bases de la doctrine Bush-Wolfowitz
posées dès 1992, afin d’empêcher[6]
n’importe quelle nation aux groupes de nations d’Eurasie type de défier l’hégémonie
de l’Unique Superpuissance [Sole Superpower] américaine). La sélection de son Cabinet
(Gouvernement) et de ses conseillers politiques clés, est vitale. Ici nous
pouvons d’ores et déjà voir se dessiner les contours du casting, à travers les
personnages qui ont été choisis pour remplir ce jeu de théâtre appelé la
Présidence Trump, et la nouvelle intrigue qui émerge afin de reconfigurer la
stratégie de l’Unique Superpuissance.
La dramatis personae[7].
Alors j’écris ces lignes, un certain nombre de personnes aux positions clés
ont déjà été nommées. Sont inclus le Général trois étoiles Mike Flynn en tant
que Conseiller à la Sécurité Nationale [National Security Advisor] du Président;
le Membre du Congrès Mike Pompeo du Kansas en tant que Directeur de la CIA ;
Jeff Sessions en tant que Ministre de la Justice et Stephen K. Bannon au sein
d’un poste nouvellement créé au sein de la Maison-Blanche : "Chef Stratège [Chief Strategist]" et
Conseiller Senior du Président.
Dans cet article, je vais examiner de plus près le cas de Mike Flynn, l’ancien
général trois étoiles qui va être le très important Conseiller à la Sécurité
Nationale de Trump, au sein de la Maison-Blanche.
Car jusqu’ici les
blogueurs et analystes perspicaces ont accueilli le rendez-vous de Flynn avec
des acclamations de joie. Ils citent son
opposition au soutien américain sous couverture à l’État islamique et aux
groupes terroristes islamiques comme le front Al-Nusra d’Al Quaïda ; et on
se rappelle qu’il a qualifié l’invasion de l’Irak en 2003 de « faute stratégique ». De plus, Flynn
est opposé à la guerre rampante contre
la Russie et a appelé au lieu de cela, a mener la guerre contre l’État
islamique et les autre organisation terroriste radicale. En fait, Obama a viré
Flynn en tant que chef de la DIA (Defense Intelligence Agency = Renseignement
Militaire) lorsque Flynn s’est opposé à la décision d’Obama de mener en
priorité la guerre Antirusse plutôt que la guerre anti-djihad, ayant appelé à
une coopération avec le Président syrien Assad en vue d’y mettre fin[8].
La position de Flynn concernant la guerre contre l’EEIL, et on peut le
présumer aussi contre la Confrérie des Frères Musulmans si choyée par Hillary
Clinton et l’Administration Obama, n’est pourtant pas celle d’un homme de paix.
Il s’agit plutôt d’un calcul froid en tant que militaire professionnel, un
professionnel militaire préfère travailler avec le Likoud de Netanyahu afin de
pousser en avant l’agenda mondial de la guerre.
Les déclarations de Flynn concernant Assad, l’EEIL et l’Irak, doivent être
interprétées comme celles d’un spécialiste du Renseignement militaire, qui
considère que la politique menée depuis des décennies par la CIA et le
Pentagone, consistant à entraîner les terroristes des Frères Musulmans et
autres fanatiques musulmans, afin de mener par procuration les guerres de l’Empire,
a engendré un mauvais retour de flamme. Non pas uniquement le coup d’État
manqué le 15 juillet par la CIA contre la Turquie, utilisant les réseaux
Fethullah Gülen, mais plutôt chacun des « Djihads » soutenu par la
CIA, depuis la guerre de la Secrétaire d’État Clinton contre Moubarak, Kadhafi,
contre la plus grande partie du monde islamique afin d’essayer d’imposer des
régimes de terreur issus de la Confrérie des Frères musulmans, soutenus par les
États-Unis et loyaux à Washington. Tout ceci a échoué. Et le contrecoup en
termes d’effets, a été de pousser la plus grande partie du monde loin de
Washington et de leurs constantes guerres par procuration.
Un stratège militaire intelligent dirait alors qu’il est en de changer de
plan. Et voilà ce qu’est Flynn. Il va promouvoir un glissement dans la
politique de Washington, prenant ses distances avec l’utilisation de la
confrérie des Frères musulmans et des organisations de terreur alliée, pour s’engager
plutôt dans une restauration plus intime et une pleine coopération avec le
gouvernement d’extrême droite du Likoud de Netanyahu en Israël.
Walid Phares, le Conseiller de Donald Trump's sur le terrorisme et les
affaires moyen-orientales, a dit sur un média égyptien dans des commentaires
rapportés par le bloc conservateur de Ben Shapiro, Le Daily Wire, que Donald Trump allait soutenir les efforts visant à
rendre hors-la-loi la Confrérie des Frères Musulmans en tant qu’organisation
terroriste, ce que l’Administration Obama avait refusé avec véhémence et empêché
le Congrès de faire[9].
Quiconque aura lu mon dernier livre, « l’hégémonie perdue : celle que les dieux eux-mêmes détruiraient »,
saura que je ne suis pas un ami de la Confrérie des Frères Musulmans, qui ont
été impliqués dans une sombre alliance avec la CIA depuis les années 1950[10].
Cependant la réalité n’est pas aussi simpliste que cela, « les ennemis de mes ennemis sont mes amis… » :
Walid Phares, le Conseiller clé de Donald Trump's sur le terrorisme et le
Moyen-Orient, est aussi un membre senior d’un tout petit cercle d’influence
[think tank] pro-Netanyahu appelé la Fondation pour la Défense des Démocraties.
La Fondation pour la Défense des Démocraties ?
La Fondation pour la Défense des Démocraties (FDD) basée à Washington, fut créé dans le sillage du 11 septembre 2001
par un ancien directeur de communication du Comité National Républicain (CNR [Republican National Committee – RNC]),
Clifford May, afin comme il le déclare sur son site Internet, de « promouvoir le pluralisme, défendre les
valeurs démocratiques, et combattre les idéologies qui gouvernent le terrorisme ».
Le point notable au sujet de cette “FDD“,
dont le membre Senior Walid Phares guiderait le Président élu Trump concernant
le Moyen-Orient et le terrorisme, ce sont les flux financiers qui sont
derrière. Il a été fondé en effet et est financé par un groupe de milliardaires
américains étroitement liés à Benyamin Nétanyahou et son agenda géopolitique
israélien. Les donneurs incluent le notoire Sheldon Adelson, magnat des casinos
de Las Vegas et Macao qui d’après la presse israélienne a donné à la campagne
de Trump quelque 25 millions de dollars dans ses derniers jours qui furent
critiques[11].
D’autres soutiens financiers de la FDD incluent un autre juif américain
ayant une longue histoire de financement des organisations pro-israéliennes :
Bernard Marcus, cofondateur du Home Depot; les héritiers
des whiskies Samuel et Edgar Bronfman; les spéculateurs milliardaires de Wall Street Michael Steinhardt et Paul
Singer, et Leonard Abramson, fondateur du système de soin américain [US
Healthcare][12].
Il n’est donc pas une surprise que le principal cercle d’influence à avoir
appelé à témoigner contre l’agenda
d’Obama incluant un accord nucléaire avec l’Iran et la levée des sanctions, ait
été cette même Fondation pour la Défense des Démocraties, qui témoigna 17 fois
contre ce “plan Iran“. Le
directeur exécutif de la FDD, Mark Dubowitz, a même aidé à concevoir les
sanctions ayant frappé le régime de l’Iran et ses ventes de pétrole, qui furent
mises en place en 2010.
De plus, la plupart des autres prises de position de la FDD font écho à
celle du régime de Netanyahu à Tel-Aviv. Toby Dershowitz, qui passa 14 années à
la tête de la communication de l’AIPAC, est également le Vice-président de la
FDD pour les relations avec le gouvernement et la stratégie[13].
L’AIPAC [American Israel Public Affairs Committee] (Comité pour les Affaires
Publiques Israelo-Américaines), fut décrit par John Mearsheimer, professeur à
l’Université de Chicago, comme « un
agent du gouvernement israélien tenant à la gorge le Congrès des États-Unis par
son influence et son pouvoir » [« an agent of the Israeli government with a stranglehold on the United
States Congress with its power and influence »]. Trump fut invité en
tant que conférencier externe en mars 2016, à la réunion annuelle de l’AIPAC[14].
Mike Flynn et Mike Ledeen.
Revenons à présent au haut Conseiller à la Sécurité Nationale
anti-Confrérie des Frères Musulmans, Mike Flynn. Flynn, de concert avec le
Directeur désigné de la CIA, Mike Pompeo, est d’accord avec le fait que l’accord
sur le nucléaire iranien d’Obamasdevrait être mis au rebut, et appelle l’Iran
un État “parrain“ [sponsor] du terrorisme, une position qui est chère au cœur
de Netanyahu.
Flynn a aussi écrit un livre avec Michael Ledeen. On ne coécrit pas un
livre avec n’importe qui, je le sais : il doit exister une communauté de
vue et une pleine harmonie avec le coauteur. Or Michael Ledeen est aujourd’hui
un savant librement stipendié [Freedom
Scholar], et n’est-ce pas intéressant de voir par qui : par la même
Fondation pour la Défense des Démocraties[15].
Il est digne d’être relevé que l’investisseur financier Jim Rickards, est
également membre du Conseil des Conseillers [Board of Advisors] du Centre pour les Sanctions et la Finance
Illicite [Center on Sanctions and Illicit
Finance] au sein de cette Fondation pour la Défense des Démocraties, et
l’ancien Directeur de la CIA James Woolsey, que la rumeur pressent pour un haut
poste au sein du projet Trump, est l’un des quatre membres du Conseil Dirigeant
[Leadership Council] de la FDD[16].
Cette année, en 2016, Ledeen a coécrit un livre avec le Directeur désigné
du NSC, Mike Flynn, intitulé : « Field
of Fight: How to Win the War Against Radical Islam and its Allies [Champ
de bataille : comment gagner la guerre contre l’islam radical et ses alliés]»[17].
Les liens entre Ledeen et le Directeur du NSC de Trump ne sont manifestement
pas fortuits.
Des années auparavant, Ledeen (qui fut du reste impliqué dans les accords
illégaux Iran-Contras, armes contre cocaïne sous G.H.W. Bush et ses vieux
copains des réseaux de la CIA durant les années Reagan[18]),
a écrit une thèse de doctorat qu’il m’a été donné de voir, mais qu’il est
aujourd’hui quasiment impossible de trouver. Elle était intitulée « Le Fascisme Universel [Universal Fascism] », et traitait
de l’applicabilité du fascisme italien de Mussolini selon un modèle global
[mondial] : un ordre mondial fasciste si vous préférez.
Michael Ledeen, qui préfère rester en retrait dans les coulisses, peut
certainement être mieux représenté comme étant le Parrain des néoconservateurs.
Il a défini les politiques et les goûts de Paul Wolfowitz, Dick Cheney, Don
Rumsfeld et autres au sein de la faction belliciste aux États-Unis [US war
faction].[19]
En 2003, tandis que la guerre de Bush-Cheney-Wolfowitz se déployait contre
l’Irak, Ledeen donna un discours intitulé : « Il est temps de se consacrer à l’Iran (la mère du terrorisme
moderne) », destiné à l’Institut Juif (pro-Netanyahu) pour des
Affaires de Sécurité Nationale [Jewish Institute for National Security Affairs
– JINSA], dans laquelle il a déclaré : « le temps pour la diplomatie touche à son terme ; le temps est venu
pour un Iran libre, une Syrie livre et un Liban libre ». Pour « libérer » l’Iran, la Syrie et le
Liban à l’époque, en 2003, presque une décennie avant le début de la guerre
américaine contre Assad, Ledeen avait donc déclaré que l’Irak, l’Iran et la
Syrie devaient eux aussi obtenir leur “liberté“
par le moyen d’une “Guerre totale“
menée par les États-Unis[20]…
D’après les rapports de ceux qui sont proches du processus de sélection du
Cabinet du Président élu Donald Trump,
deux personnes ont eu une influence décisive sur ceux qui ont été
sélectionnés : le beau-fils politiquement inexpérimenté de 35 ans de
Trump, Jared Kushner, et Mike Flynn. Trump a même demandé à ces deux-là de
siéger avec lui durant les Briefings Présidentiels hautement classifiés[21].
Winston Churchill a dit une fois : «
en temps de guerre, la vérité est si précieuse qu’elle devrait toujours être
protégée d’un glacis de mensonges »[22].
Il est déjà clair que le projet de la Présidence Trump, visant à préparer
l’Amérique pour une nouvelle guerre, est d’ores et déjà bien protégé par ce
glacis de mensonges…
Note CVR : il est de façon évident que Trump a eu à donner
des gages, aussi bien à comme nous l’avons vu[23], mais également aux réseaux sionistes dont on ne peut pas se passer
aux États-Unis, sauf à risquer de très gros ennuis…
Engdahl
pointe et relie des faits incontestables, et a le mérite d’insister sur des
risques tout à fait vraisemblables. En fait il s’agit d’une constance d’un Président
à l’autre : à la différence d’Obama, Trump n’est pas important de la CIA,
mais il a dû donner des gages, car le système américain et de façon tellement
vérolé qu’il n’est pas possible de faire la guerre contre tout le monde. Une
des conséquences les plus visibles, c’est que ce sont les “fusibles“ qui vont
sauter, c’est-à-dire les supplétifs qui vont essuyer le feu : les Saoud
très certainement, le Qatar aussi probablement mais c’est moi sûr (rappelons qu’historiquement
le Qatar fut une création britannique), le Qatar pourra certainement davantage
souffrir de la nouvelle production gazière israélienne, mise en valeur par les russes.
Ce fut là certainement l’une des décisions stratégiques les plus inspirées de
la Russie, qui permit de trouver un intérêt israélien supérieur dans cette
exploitation gazière, tous que dans un subtil soutien à l’État islamique[24]
Pieczenik
a énoncé à plusieurs reprises l’idée qu’Israël va être contraint de mettre de l’eau
dans son vin, par l’effet d’un jeu subtil entre les États-Unis d’une part, et d’autre
part le camp en passe de gagner la guerre de Syrie (Russie–Iran–Syrie–Hezbollah+
Chine est semble-t-il nouvellement Turquie, la Turquie sortant de sa position d’otage
pour retrouver sa souveraineté grâce à ses nouveaux alliés russe et iranien, depuis
la tentative de coup d’état américaine de juillet dernier[25]…).
Ce
qui veut dire, qu’il y a tout un éventail de possibilités à partir des faits qui
sont livrés ici par William Engdhal : depuis une « surtromperie »
(Overdeception) faisant de Trump une
sorte de Président “thermidorien“, donnant une apparence de retour des vrais
États-Unis pour faire ensuite pire que mieux… jusqu’à un jeu diplomatique
subtil qui a permis à Trump de devenir président : en ayant placé des jalons
ayant permis de ne pas s’aliéner les intérêts sionistes sans l’aide desquelles
il n’aurait jamais pu devenir Président. La référence ici à l’argent des
réseaux sionistes aux États-Unis, ayant afflué dans les derniers temps
critiques de la campagne de Trump, est un indice à ce titre…
Ainsi,
même avec la victoire de Trump et la clarification de la situation en Syrie, une
stratégie du pire reste toujours possible, surtout si les États-Unis devaient
être étranglés par des artifices financiers comme cela semble être aujourd’hui
le cas… Engdahl a d’ailleurs pointé du
doigt à de nombreuses reprises l’origine de ces manipulations financières,
provenant de la City de Londres et rongeant sans interruption la puissance
américaine depuis plus de deux cent ans[26]…
[2] Voir : « Construire ensemble la
Ceinture économique de la Route de la Soie et la Route de la Soie maritime du
XXIe siècle : Perspectives et actions » (Publication conjointe du Ministère du Commerce et du Ministère des Affaires
étrangères chinois, 2015/04/08) ; « Route de la
soie : la nouvelle OPA de la Chine sur le monde » (Les Echos,
28/01/16) ; « « Une Ceinture, une
Voie » : la nouvelle route de la soie chinoise » (Alex
Payette, Guorui Sun, Tribune n°694 de la revue Défense Nationale, octobre
2015, accessible ici) ; « « Une ceinture et une route » ouvre la
voie à de nouveaux voyages entre la Chine et l'Europe »
(french.china.org.cn, 2016-02-01) ; « Regard sur
le concept nouveau d’« Une ceinture, une route » » (Institut Schiller,
24 juin
2015) ; voir également les articles précédents l’auteur relatifs à la Chine.
[3] F. William
Engdahl, A Mafia Don with a Pompadour, NEO, March 20, 2016, http://journal-neo.org/2016/03/20/a-mafia-don-with-a-pompadour/
Référence au “Pussy-Gate”, et à Billy Bush,
animateur radio et membre de la famille Bush, viré de NBC suite à conversation
ancienne avec Donald Trump : « Billy Bush,
l'animateur de NBC, licencié après sa conversation sexiste avec Donald Trump (La Parisienne, 18 octobre 2016); “Après les propos
vulgaires de Donald Trump, l'animateur Billy Bush quitte NBC” (LCI,
18oct16).
[4] NDT : toutes les données sont accessibles
ici (Cryptome) ; voir aussi « PNAC:
"Reconstruire les défenses de l'Amérique" traduit par ReOpen911.»
(Reopen911, 6 juin 2008).
[5] NDT : rapprocher du jeu mondialiste “à deux faces“ entre Bilderberger et
Trilatérale (correspondant à deux visions différentes du mondialisme :
l’une imposée par la force et l’autre par des artifices plus subtils) qui était
évoqué par Luis Gonzalez-Mata, qui fut le premier
à parler de l'articulation de ces sujets avec une réelle crédibilité (Les
vrais maitres du monde, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle,
1979).
[6] NDT : l’auteur utilise le mot “preempting“ et non “preventing“. La préemption est utilisé en français dans un sens
restrictif, mais il y a ici une idée de préemption au
sens du droit latin (pre – emptio, « achat
avant ») : un droit né d’une prééminence, c'est-à-dire d’un
privilège de rang, consequence d’une position dominante.
[7] NDT : mot à mot les « personnes du drame », la liste
des personnages d'une pièce de Théâtre antique (drame).
[8] Eric Zuesse, Who
Will Win the War Between Trump & The Neocons?, Washington's Blog, November
16, 2016, http://www.washingtonsblog.com/2016/11/will-win-war-trump-neocons.html.; also
Zero Hedge blogger, "George Washington," Great News on Trump
Appointments, Zero Hedge, http://www.zerohedge.com/news/2016-11-17/great-news-trump-appointment.
[9] Michael Qazvini,
Trump Prepares To Label Muslim Brotherhood A ‘Terror Organization,’ The Daily
Wire, November 14, 2016, http://www.dailywire.com/news/10783/good-news-trump-prepares-label-muslim-brotherhood-michael-qazvini
[10] F. William
Engdahl, The Lost Hegemon: Whom the gods would destroy, 2016, mineBooks,
Wiesbaden.
[11] Times of Israel
staff, “Adelson boosts Trump with 25
million to defeat Clinton, Times of Israel”, November 1, 2016, http://www.timesofisrael.com/adelson-boosts-trump-with-25-million-to-defeat-clinton/
[12] John B. Judis, The
Little Think Tank That Could, Slate, August 18, 2015, http://www.slate.com/articles/news_and_politics/foreigners/2015/08/foundation_for_the_defense_of_democracies_inside_the_small_pro_israel_think.html.
[13] Ibid.
[14] John Mearsheimer and
Stephen Walt, The Israel Lobby, London Review of Books, Vol. 28 No. 6 · 23 March 2006, http://www.lrb.co.uk/v28/n06/john-mearsheimer/the-israel-lobby
[15] FDD Website, Our
Team, Dr Michael Ledeen, http://www.defenddemocracy.org/about-fdd/team-overview/michael-ledeen/.
[17] Ibid.
[18] John B.Judis, op. cit.
[19] William O.
Beeman, Who Is Michael Ledeen?, Pacific News Service, May 7, 2003, http://www.alternet.org/story/15860/who_is_michael_ledeen.
[20] Ibid.
[21] Andrea Mitchell,
Alexandra Jaffe and Kelly O'Donnell, Donald Trump Requests Security Clearance
for Son-in-Law Jared Kushner, NBC, November 16, 2016, http://www.nbcnews.com/politics/politics-news/donald-trump-requests-security-clearance-son-law-jared-kushner-n684491
[22] NDT : « In wartime, truth is so precious that
she should always be attended by a bodyguard of lies. » (The Second World War vol. 5, 1951).
[23] (« Garder son sang-froid : Trump est obligé de donner
des gages à Wall Street… : », CVR, 11 novembre 2016)
[24] “Il
était une fois un colonel israélien pris la main dans le sac” (W. Engdahl, 26 novembre 2015); “Le
jeu d’échecs énergétique de Poutine face à Netanyahu” (W. Engdahl, 13 mai 2016); “Russie,
Turquie et Israël : un Nouvel Equilibre des Puissances au Moyen-Orient” (W.
Engdahl, 13 août 2016).
[25] “Qu’est-ce
que Fethullah Gülen, en tant que Mouvement?” (W. Engdahl, 09 août 2016).
[26] Lire sa synthèse d’une
rare pertinence pour comprendre ce point : « pétrole,
une guerre d'un siècle » (W. Engdahl, éd. J-C Godefroy, 2007).