[Slate - financé par Jacques Attali] Les Désinformateurs s’offusquent de la réouverture de l’enquête contre
Hillary par le FBI…
C’est de bonne guerre : « James Comey, le pire directeur du FBI depuis J.
Edgar Hoover? » (Slate, Claire
Levenson, 03.11.2016) :
Note CVR : Les passages en surligné jaune mètrent en
évidence aspect propagandaire de l’article :
Sa
décision d'évoquer la découverte de nouveaux e-mails (potentiellement sans intérêt) dans l'affaire de la messagerie
privée de Clinton vaut au directeur du FBI d'être comparé à J. Edgar Hoover,
célèbre pour ses abus de
pouvoir.
Lorsque le
directeur du FBI James Comey a décidé d'informer le Congrès de nouveaux éléments
dans l'enquête sur la messagerie privée d'Hillary Clinton onze jours avant
la présidentielle, il ne
savait pas si ces nouveaux e-mails seraient pertinents. Le FBI ne les avait pas
encore lus. Par contre, Comey savait probablement qu'en parler donnerait des munitions à
Donald Trump, qui
explique depuis des mois que la candidate démocrate mérite d'être
en prison.
Depuis,
l'ancien procureur général Eric
Holder et près de cent anciens du ministère de la Justice
américain ont écrit
une lettre pour dire que les actions de Comey
constituaient une violation des principes du ministère de la Justice (dont
le FBI est une agence) selon lesquels il faut faire preuve de retenue à
l'approche d'élections.
«Nous n'avons pas le souvenir
d'un autre cas où un haut-placé du ministère de la Justice –républicain ou
démocrate– a publié une déclaration qui pouvait avoir un impact sur les
résultats d'une élection imminente, alors que l'officiel reconnaît aussi que l'information à examiner
n'est peut-être ni importante ni nouvelle.»
Le précédent Truman/Dewey
Dans le New
York Times, Tim Weiner, l'auteur d'un livre sur le FBI, écrit que quelque
part dans le ciel, J. Edgar Hoover,
le directeur du FBI (et de son ancêtre) de 1924 à 1972 «est
en train de sourire»:
«L'utilisation d'informations secrètes pour nuire à des
personnalités publiques était un de ses sports favoris.»
Plusieurs autres
éditorialistes et historiens ont fait la
comparaison entre Comey et l'ancien directeur du FBI, connu pour avoir mis sur
écoute plusieurs figures politiques afin de les faire chanter.
C'était par exemple le cas de Martin Luther King Jr., dont
Hoover a menacé de divulguer les relations sexuelles adultères,
espérant encourager le leader des droits civiques à se suicider.
Avant Comey, Hoover était
le seul directeur du FBI à avoir été accusé d'avoir essayé d'influencer
une élection présidentielle. En effet, en 1948, il avait envoyé des
informations sur Harry Truman à l'équipe de son opposant Thomas Dewey (qui a
perdu).
Même des conservateurs ont vivement critiqué Comey, comme le juge
Andrew Napolitano qui l'a aussi comparé
à Hoover sur Fox News, expliquant que les deux directeurs avaient «la
même volonté d'injecter le
FBI au sein du processus politique». Pour ce juge, lorsque
le FBI a trouvé des e-mails supplémentaires sur l'ordinateur
d'Anthony Weiner (l'ex-mari d'Huma Abedin, la conseillère de Clinton), la seule obligation était
d'enquêter, pas de rendre public le fait qu'une enquête était en cours.
Faciliter le mensonge
Selon le
journaliste Charles Kaiser sur CNN.com,
la révélation par Comey «que de nouveaux e-mails avaient été découverts (des emails qui pourraient
n'avoir rien à voir avec Hillary Clinton) a plus politisé le FBI
qu'aucune autre initiative prise par un directeur du FBI depuis la mort de
Hoover en 1972».
Pourtant, dans
un mémo à ses collègues, Comey avait ainsi
justifié sa décision:
«Habituellement, nous
n'informons pas le Congrès de nos enquêtes en cours, mais dans ce cas, je me suis senti obligé de le
faire dans la mesure où j'ai plusieurs fois attesté sous serment ces derniers
mois que notre enquête était finie.»
Cette réponse ne satisfait
visiblement personne. Plusieurs éditorialistes
ont appelé à sa démission, et plusieurs
élus du Congrès ont dit qu'ils avaient perdu confiance en lui. Même le
président Barack Obama, qui avait
nommé Comey en 2013, a critiqué les «insinuations»
faites par le directeur du FBI: «Il
ne faut pas intervenir quand on n’a que des informations incomplètes».
Le problème de la «révélation»
faite par Comey est qu'elle intervient dans un contexte bien particulier et qui
était impossible à ignorer: depuis des mois, Trump et ses alliés utilisent
n'importe quelle suggestion ou rumeur (vraie ou fausse) pour expliquer que Clinton est une
criminelle.
Comme le résume
bien le journaliste Greg Sargent:
«Selon le New York Times,
le FBI ne trouvera probablement rien dans les e-mails, mais le flou de
Comey aura permis de faciliter les mensonges des Républicains.»
Rappr sur
les charges pesant contre Hillary : « Message du Renseignement Militaire (DIA) à Hillary
Clinton : "retirez-vous de la course présidentielle pour cause
d'investigation du FBI..." » (CVR, 14 février
2016).
Note CVR :
–Sur Eric
Holder : S. Pieczenik
n’a cessé de remettre en cause l’honorabilité d’Éric Holder, « maître-prévaricateur
en chef »
de l’Administration Obama (ex : « Sandy
Hook, Oregon : « N’achetez pas d’armes, N’achetez pas d’armes, N’achetez pas
d’armes » ... dit papa. », CVR, 8 octobre 2015)
–Sur John Edgar Hoover, grand patron mythique du FBI : l’Agence
se forgera sous son “règne“ « une
réputation de police civile “incorruptible“, rayonnant sur le territoire américain pour
chasser les espions et les traîtres. Assoiffés de rigueur, de précision, de
loyauté, s’attaquant à « l’ennemi intérieur » avec l’obstination de
ceux qui voient dans le communisme la source principale de nos maux, l’opium du
monde occidental, le poison dans nos veines ».
Dès
1919, Hoover traque les « rouges » aux Etats-Unis même. Devenu « farouchement
anticommuniste » du fait même de son expertise, vivant sa tâche comme une mission
de « défense de l’Occident ».
« Il s’acharnera à démanteler les
réseaux communistes installés à la faveur de la 2nde GM » [1].
Quand
Hoover
déploie alors sa fameuse « chasse aux sorcières » : il ne
lutte alors pas contre des russes, mais avant tout contre des complicités
surpuissantes au sein même des Etats-Unis, celles-là même qui avaient nourri le
bolchevisme qui conquit la Russie.
On évoque souvent
sa citation
rarement comprise, qui ciblait une réalité internationaliste incontestable ayant
biberonné le communisme :
« L’individu est handicapé par le fait
de se trouver face-à-face avec une conspiration si monstrueuse qu’il ne peut
même pas croire qu’elle existe. L’esprit américain n’est simplement pas arrivé
à la prise de conscience du mal qui a été introduit en son sein. Il rejette l’hypothèse
même, que des créatures humaines puissent avoir épousé une philosophie qui en
fin de compte, en arrive à détruire tout ce qui est bon et décent »[2].
Ceci rejoint
exactement la remarquable expertise du Comte de Saint-Aulaire : ancien Ambassadeur
français à Londres durant l’Entre-deux-guerres parlera en ce sens d'une Russie avant tout
"captive", devenue « la proie
d'un syndicat organisé pour la destruction des nations » (« Genève contre la Paix », Plon, 1936, p.28). Comte de
Saint-Aulaire est très peu connue dans les sources françaises (Wikipedia
ici en anglais, BNF
ici, une
autre biographie ici). Sa biographie indigente
du MAE illustre comme fut censurée son œuvre majeure que fut « Genève
contre la Paix » :
« Le comte de Saint Aulaire a mené une carrière diplomatique brillante, ayant
occupé notamment le poste d’ambassadeur de France en Roumanie pendant et après
la Grande guerre (1916-1920). Grand admirateur de Lyautey, il a achevé
prématurément sa carrière comme ambassadeur à Londres en 1924, après s’être
heurté au gouvernement du Cartel des Gauches dirigé par Édouard Herriot,
beaucoup plus proche des idées de Léon Bourgeois ou d’Aristide Briand. Il s’est
ensuite consacré à l’écriture, publiant notamment des ouvrages sur Richelieu,
Mazarin, ou Talleyrand, et surtout ses mémoires, après la Seconde Guerre mondiale ».
[1] (Cité en
introduction de « Roger Wybot et la
bataille pour la DST », Philippe Bernert, Presses de la Cité, Paris,
1975). Ces éléments rejoignent exactement ce qui a pu être produit par le
renseignement anglais contre les réseaux bolcheviques ayant prit la Russie en
otage, par exemple Sir Paul Dukes (l'ancien chef des Services secrets
britanniques en Russie), ou d'autres agents britanniques qui furent souvent
héroïques contre le bolchevisme (Capitaine
George Hill : « Ma vie d'espion »
Payot, Paris,1933 ; l'irremplaçable « La
vie aventureuse de Sidney Reilly », Edition La nouvelle revue critique, Paris, 1931).
[2] J.E. Hoover, The Elks Magazine (Août 1956). Souvent citée sans
préciser qu’elle concernait précisément le communisme dans les années 50, et
pourrait d’ailleurs être due non à Hoover mais à un employé du FBI écrivant
pour lui.